(Anne Minh-Thu Quach) – Au Canada, en dépit de l’égalité de droit, l’égalité de fait entre les femmes et les hommes est loin d’être atteinte. Bien sûr, les Canadiennes ont fait des avancées remarquables dont en témoigne la société. Or, la trajectoire de la présence des femmes dans les sphères décisionnelles est marquée des phases de stagnation et par des reculs.
Il y a quelques jours, je participais à une journée SimulActions organisée par le groupe Femmes, politique et démocratie. J’ai été heureuse d’échanger avec des femmes qui désirent faire le saut en politique. Comme vous savez, la place des femmes dans la société est au cœur de mes préoccupations. Il est plus que motivant de rencontrer des femmes de tous les horizons motivées par la politique.
Saviez-vous que seulement 26 % des parlementaires canadiens sont des femmes et à peine 29 % des députés québécois sont des femmes. 26 pour cent ? Alors que nous sommes environ 51 % de la population canadienne. Cela classe le Canada au 48e rang mondial pour la représentation des femmes dans une Chambre unique ou basse. En fait, au Canada, c’est en 1921 qu’une première femme est élue au Parlement : Agnes MacPhail. La seconde est arrivée seulement 14 plus tard. Martha Black fut la deuxième députée élue en 1935, elle a remplacé son mari malade alors député du Yukon durant les élections. Il a fallu attendre la fin du 20e siècle, plus précisément l’élection de 2015 pour voir les femmes prendre plus de place en politique fédérale.
Au NPD, l’atteinte de la parité est au cœur de nos préoccupations lorsqu’il vient le temps de choisir nos candidats et candidates. En 2015, nous avions 43 % de femmes candidates. Évidemment, il y a toujours place à l’amélioration. Tous partis confondus, les femmes représentaient 33 % des candidatures, soit deux pour cent de plus qu’en 2011.
Toujours selon les données de 2015, à l’échelle internationale, les femmes constituaient 14 des 193 chefs de gouvernement dans le monde (7,3 %). À l’échelon national, le Canada n’a pas encore élu une femme au poste de premier ministre. Kim Campbell est devenue la première femme à exercer cette fonction au Canada lorsqu’elle a remporté la course à la direction du Parti progressiste conservateur après la retraite de Brian Mulroney en 1993. Je salue d’ailleurs l’élection de madame Pauline Marois en 2012, première femme élue première ministre au Québec. Au Québec, nous lui devons la Politique familiale et la Loi sur le ministère de la Famille et de l’Enfance qui donnera naissance au programme de CPE. Ce programme a engendré une réelle révolution chez les femmes salariées. Le gouvernement fédéral doit s’inspirer du modèle québécois en matière de services de garde.
Comment remédier à la situation et avoir un Parlement plus représentatif de la population canadienne?
Certaines mesures peuvent être mises en place afin de favoriser la participation des femmes dans la vie politique. D’ailleurs, depuis la naissance de ma fille, je constate lentement mais surement des mesures favorisant la conciliation famille-travail au Parlement, notamment une salle familiale et des tables à langer dans les salles de bain pour les hommes. Il faut également travailler à changer les modèles de leadership associés aux aptitudes masculines. Il faut aussi assurer une pérennité financière aux femmes candidates. Effectivement, sachant que les femmes gagnent encore que 75 pour cent du salaire des hommes, et qu’elles sont encore sous-représentées dans les sphères de pouvoir, prendre un congé sans solde et risquer d’avoir des répercussions dans le cadre de son emploi est parfois peut être une décision lourde de conséquences pour les femmes, malheureusement. Puis, les femmes se butent encore à des stéréotypes ce qui perpétuent les rôles de genre comme de ménagères et d’aidantes naturelles. D’ailleurs, les femmes consacrent toujours le double du temps à l’éducation des enfants que les hommes. Finalement, des mesures telles que l’imposition de la parité ou des quotas seraient une option afin d’atteindre une réelle représentation à la Chambre des communes.
Par contre, il faut redoubler d’effort et adopter des mesures plus sensibles en ce qui concerne les horaires de travail, des congés parentaux (inexistant pour les élus fédéraux présentement), de garderie ou la pratique du vote par procuration, ainsi qu’en créant des associations ou des caucus de femmes parlementaires. Toutes ces mesures faciliteraient la conciliation famille-travail et encourageraient la venue de nouvelles femmes en politique. Avec plus de femmes en politique, c’est notre perception du monde qui change tout comme les lois comme celles sur les congés parentaux, l’aide médicale à mourir, le droit à l’avortement, la parité dans les conseils d’administration, le registre des armes à feu, les journées de travail de 8 heures, etc. Si chacun de ses avancés n’ont tous pas été porté par des femmes parlementaires, les femmes de la société civile ont eu une grande influence.
Bref, nous sommes encore à l’ère des premières nous sommes en marche pour plus d’égalité. Je vous invite donc à signer la pétition pour demander au gouvernement d’agir en matière d’équité salariale.
Anne Minh-Thu Quach
Députée fédérale de Salaberry-Suroît à la Chambre des communes
T : 450 371-0644
C : [email protected]
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Vous pouvez lire ou relire les billets précédents d’Anne Quach :
- De la solidarité à l’action (27 mai 2017);
- Marijuana – Mais où est le plan ? (27 avril 2017);
- Le communautaire : tissu social de notre société (22 mars 2017);
- L’ALENA, tout n’est pas à jeter à la poubelle (23 février 2017);
- Tournons le dos aux énergies d’hier (24 janvier 2017);
- Prioriser la lutte contre la pauvreté (21 décembre 2016);
- L’engagement des jeunes dans la vie politique est l’affaire de tous (22 novembre 2016);
- La mésentente fédérale provinciale en santé (25 octobre 2016);
- Le développement durable n’est pas une option ! (23 septembre 2016);
- La force de notre jeunesse (20 août 2016);
- Réformer notre façon de choisir notre destinée (22 juillet 2016);
- Le traitement de nos enfants : le miroir de notre âme collective (23 juin 2016);
- Le soutien à la communauté, un besoin d’engagement réel (31 mars 2016);
- La lutte pour l’équité salariale continue (2 mars 2016);
- Le fédéral doit être plus attentif au milieu agricole (23 juillet 2015).
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