Depuis quelques années, la députée de Salaberry-Suroît Anne Minh-Thu Quach signe régulièrement sur INFOSuroit.com des billets sur la politique fédérale. Voici son plus récent texte Ouvrons nos frontières, nos foyers et nos coeurs :
(Anne Minh-Thu Quach) – Les flux migratoires sont une réalité contemporaine à laquelle nous devons faire face. Les conflits militaires, les changements climatiques, les systèmes politiques instables forcent des gens à adopter une nouvelle terre d’accueil. Le Canada est une de ces terres d’accueil, et j’en suis fière. Entre 1975 et 1980, nous avons collectivement ouvert nos frontières, nos foyers et nos cœurs à plus de 60 000 Indochinois (Vietnamiens, Cambodgiens et Laotiens). Ce geste de compassion et de solidarité constitue un tournant dans notre histoire, dans mon histoire également. Cette mobilisation sans précédent vaudra aux Canadiens la médaille Nansen, une distinction des Nations Unies pour services rendus aux réfugiés. Il s’agit de la seule fois où un peuple est collectivement honoré par cette distinction.
En vertu de la l’entente sur les tiers pays surs, les demandeurs d’asile sont tenus de présenter leur demande dans le premier pays sûr où ils arrivent, à moins d’être visés par une exception prévue par l’Entente. Depuis le décret migratoire de Trump, les demandeurs de statut ne passent pas par les postes frontaliers officiels. D’ailleurs, le NPD demande depuis des mois d’augmenter les effectifs de l’ASFC pour gérer l’afflux aux frontières. Cela met en action la Convention relative au statut des réfugiés. Nous demandons également, de concert avec le Conseil canadien des réfugiés et Amnistie Internationale de suspendre l’entente puisque le gouvernement américain ne remplit pas ses obligations liées à l’immigration notamment sur le plan des normes juridiques internationales et canadiennes.
Depuis maintenant plusieurs mois, pratiquement au lendemain de l’élection de Donald Trump aux États-Unis, de concert avec l’arrivée massive de demandeurs d’asile et de statut de réfugié à nos frontières, l’on constate une attitude réfractaire voire violente face aux immigrants à la recherche d’une vie meilleure. On assiste ici-même à la montée foudroyante de l’extrême droite et des discours haineux envers les immigrants qui fuient les crises.
Les discours haineux se multiplient et sont même partagés par les médias. Comme le rappelait Louise Arbour «Le choix du langage et de la terminologie dans le discours public n’est pas toujours innocent, et rarement sans conséquence». C’est le cas particulièrement avec l’expression utilisée ad nauseam «immigrants illégaux». Elle contribue à la perception négative des migrants en situation d’irrégularité en confondant les circonstances qui entourent leur condition. Est-ce qu’il y a vraiment de l’illégalité ? Dans la vaste majorité des cas, non. Bien qu’une conduite peut sembler illégale, cela ne rend pas la personne illégale. L’utilisation de la bonne terminologie, tout simplement, permet de contrecarrer la xénophobie qui s’alimente facilement du genre de terminologie comme immigrants illégaux. Il faut à tout prix éviter que le discours de ces groupes devienne la norme. Ne laissons pas la haine ou la peur prendre le dessus. Il faut absolument éviter les débordements violents comme ceux de Charlottesville, aux États-Unis.
Nous sommes tous des immigrants. Nous sommes privilégiés d’être nés au Canada. Ouvrons nos frontières, nos foyers et nos cœurs à ces familles qui souhaitent tout comme nous un meilleur lendemain pour leur enfant.
Anne Minh-Thu Quach
Députée fédérale de Salaberry-Suroît à la Chambre des communes
T : 450 371-0644
C : [email protected]
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Vous pouvez lire ou relire les billets précédents d’Anne Quach :
- Prendre soin des personnes de la petite enfance à la retraite (20 juillet 2017);
- Femmes en politique : pour une réelle représentation (22 juin 2017);
- De la solidarité à l’action (27 mai 2017);
- Marijuana – Mais où est le plan ? (27 avril 2017);
- Le communautaire : tissu social de notre société (22 mars 2017);
- L’ALENA, tout n’est pas à jeter à la poubelle (23 février 2017);
- Tournons le dos aux énergies d’hier (24 janvier 2017);
- Prioriser la lutte contre la pauvreté (21 décembre 2016);
- L’engagement des jeunes dans la vie politique est l’affaire de tous (22 novembre 2016);
- La mésentente fédérale provinciale en santé (25 octobre 2016);
- Le développement durable n’est pas une option ! (23 septembre 2016);
- La force de notre jeunesse (20 août 2016);
- Réformer notre façon de choisir notre destinée (22 juillet 2016).
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Je suis sidéré par votre naïveté et la rapidité avec laquelle vous vous êtes éloignées des gens qui vous ont élus.
Au départ, je veux être clair!
Je considère moi aussi que le Canada est une terre d’accueil et doit le demeurer.
Les flux migratoires ne sont pas un phénomène nouveau. La carte démographique de la ville de Montréal est une illustration manifeste que son développement est relié intimement à ces flux migratoires. Ses quartiers témoignent de l’intégration des français, anglais, écossais, irlandais, juifs, italiens, grecs, portugais, vietnamiens, chinois, haïtiens, maghrébins, etc.
Ce qui est nouveau, c’est cette insouciance de nos élus (et bien-pensants!) de protéger ces valeurs qui attirent justement les immigrants.
Nous avons tous la responsabilité d’assurer la pérennité de cette terre d’accueil. Pas pour obtenir d’autres médailles, mais pour protéger les valeurs de tolérance et de liberté que les bâtisseurs de ce pays (qui étaient tous immigrants d’ailleurs…) ont patiemment mises en place.
Pour protéger ces valeurs, nous devons encadrer ces flux migratoires. Et pas uniquement en donnant plus de ressources à l’ASFC (Agence des services frontaliers du Canada) !
Avons-nous un plan pour accueillir ces gens? Quelles sont les étapes de ce plan? Quelles seront les coûts? Combien pouvons-nous en accueillir?
Beaucoup de canadiens sont inquiets devant autant d’improvisation chez nos élus. Cette attitude inquiète devient réfractaire et à la limite haineuse devant l’inconnu.
Je comprends votre cri du cœur. Vous témoignez avec force de la nécessité de protéger ces valeurs qui ont profité à votre famille.
La montée des débordements d’extrême-droite et haineux m’inquiète. Cette recrudescence de la violence verbale (et physique) est alimentée par la légèreté impudente de nos élus.
Quand je lis vos propos, je suis manifestement plus inquiet.
Parce que vous ne semblez pas consciente de l’inquiétude rampante, insidieuse qui se développe dans la population.