Incendie dans une ancienne usine – Un fait divers relié à notre histoire

Passionné d’histoire et de patrimoine, l’auteur et conférencier Sylvain Daignault lancera l’automne prochain aux Éditions Broquet un ouvrage, Québec Insolite, qui revient sur des événements méconnus ou oubliés de l’histoire du Québec. D’ici la parution du livre, ses billets sont disponibles sur le Web via son blogue quebecinsolite.wordpress.com. Un blogue qui fait maintenant partie des recommandations d’INFOSuroit. Fier de collaborer avec le média régional collaboratif INFOSuroit, Sylvain Daignault livre ici un premier texte concernant l’incendie de l’ancien moulin à farine de Beauharnois.

Vie et mort d’un moulin – La partie en pierre des champs a été construite en 1837 par le seigneur Edward Ellice comme moulin à farine. En 1888, le moulin seigneurial est la proie des flammes. Il est reconstruit en 1890 et on y ajoute deux étages en briques. L’édifice était situé sur le site de la défunte compagnie Domtar. Le dimanche de Pâques 2021, l’ancien moulin à farine de Beauharnois a été la proie des flammes. C’était le deuxième incendie en deux jours. (Photo : Michaël DeChantal – Québec Insolite)

(Sylvain Daignault) – L’ancien moulin où les patriotes de Beauharnois ont été emprisonnés détruit par un incendie Dimanche de Pâques 2021 : une ancienne usine désaffectée est la proie des flammes. Un fait divers comme un autre me direz-vous ? Le drame, c’est que cette vieille usine désaffectée était autrefois un moulin à farine où les patriotes de Beauharnois ont été emprisonnés après l’insurrection ratée de 1838. C’est la seconde fois en deux jours que les pompiers de la Ville de Beauharnois interviennent à cet endroit qui n’est pas alimenté en électricité depuis des années. Il ne fait nul doute que le sinistre est d’origine criminelle.

« Hier ils ont essayé de mettre le feu dans l’ancienne cheminée de l’usine avec des pneus. On n’a pas trouvé de coupable, mais c’est vraiment intentionnel, au même titre que le bâtiment d’aujourd’hui. C’est un bâtiment désaffecté, pas d’électricité, pas d’eau, rien », a indiqué le directeur du Service d’incendie de Beauharnois au journal Le Soleil de Châteauguay.

Au fil des années, plusieurs bâtiments de cet ensemble industriel ont été la proie des flammes.

Patriotes à Beauharnois
Dans la nuit du 3 au 4 novembre 1838, des patriotes font prisonnier le seigneur Beauharnois, Edward Ellice, pour ensuite s’emparer du vapeur Henry Brougham. Des passagers du navire, de même que la jeune épouse du seigneur, Jane Ellice, sont aussi faits prisonniers et enfermés au presbytère.Des renforts sont sensés arriver de Châteauguay, mais les patriotes de ce village décident plutôt de désarmer les Indiens de Caughnawaga (Kahwanake). Mais ils tombent dans une embuscade et plus d’une soixantaine d’entre eux sont faits prisonniers. Le Gouverneur du Bas-Canada, sir John Colborne proclame la loi martiale.

Soldats écossais
Pendant qu’il s’occupe des patriotes de Montréal, Colborne fait appel aux Glengarry Highlanders et aux Stormont Highlanders, des soldats écossais stationnés dans le Haut-Canada, pour libérer Beauharnois. En tout, 1200 soldats s’apprêtent à fondre sur Beauharnois. Du côté des patriotes, ils ne sont que 300 environ. Sous-équipés, les patriotes de Beauharnois sont rapidement capturés et emprisonnés dans le moulin à farine pratiquement neuf – il a été construit en 1837 – du seigneur Ellice.

Violente répression
La répression des Loyalistes ne se fait pas attendre. À l’approche de l’hiver, des maisons sont pillées et incendiées pendant que les occupants, souvent des femmes et des enfants, s’enfuient dans les bois avec comme seules possessions les vêtements qu’ils portent. Bilan : 40 maisons, 43 bâtiments et quatre granges brulés et 350 familles pillées. Plusieurs civils perdent la vie et des viols sont perpétrés.

Moulin à farine
Plusieurs prisonniers sont enfermés dans le moulin à farine pratiquement neuf du seigneur Ellice. Le régime est simple : du pain sec et de l’eau. Et oubliez le chauffage. Le 24 novembre 1838, le curé Michel Quintal obtient des Britanniques qu’ils installent un poêle à bois dans le moulin. Les conditions s’améliorent, un peu… Aux alentours du 1er décembre, les derniers prisonniers du moulin sont transférés à la prison de Montréal.

Tours guidés
Pendant plusieurs années, l’historien local Yvon Julien, décédé en 2013, a animé de très intéressants tours guidés de sa ville et faisait un passage obligé devant l’ancien moulin. Il rêvait du jour où un musée sur l’histoire de Beauharnois s’installerait à cet endroit… Mais tout est disparu lors du récent beau dimanche de Pâques 2021.

Alors, toujours un fait divers comme un autre l’incendie du vieux moulin à farine de Beauharnois ?

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Intéressé par l’histoire et le patrimoine, découvrez en plus sur ce billet et sur plusieurs autres en consultant le site Web quebecinsolite.wordpress.com

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