(Dominic Gendron) – Le biologiste Philippe Geoffrion, de l’organisme Héritage Saint-Bernard, a posé un geste digne de mention du 4 au 7 août dernier lorsqu’il a été alerté qu’une quantité impressionnante de poissons était en péril sur le territoire du ruisseau Saint-Jean à Châteauguay.
André McSween, patrouilleur bénévole pour Héritage Saint-Bernard a été le premier à remarquer la présence de nombreux petits poissons pris au piège près de la grande passerelle de bois reliant le ruisseau Saint-Jean au parc Joseph-Allard. Le bruit causé par le frétillement de ces milliers de poissons a capté l’attention de M. McSween.
Les petits poissons, majoritairement des Umbres de vase, étaient entassés dans trois dépressions. De nombreux poissons étaient déjà morts et les autres semblaient se débattre dans l’infime quantité d’eau encore présente.
Puisque les chances de survie pour ces poissons étaient à peu près nulles sans aide, le biologiste Philippe Geoffrion, avec l’accord des responsables du Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec, a procédé à une opération de sauvetage pour les survivants.
Pour ce faire, une simple pelle et une chaudière ont été nécessaires. Après la récupération des poissons avec ses outils rudimentaires, M. Geoffrion a reconduit les spécimens dans l’eau du ruisseau. Au total, il aura fallu 24 chaudières de 19 litres pour transporter tous les poissons jusqu’au cours d’eau.
Ces poissons, comme de nombreuses autres espèces, utilisent la plaine inondable du ruisseau Saint-Jean pour se reproduire. En général, c’est au printemps, lorsque le niveau d’eau est très haut, que les poissons adultes accèdent à ce secteur pour y pondre leurs œufs. Plus tard, au début de l’été, lorsque le niveau d’eau s’abaisse, les jeunes poissons savent instinctivement qu’il doivent quitter la plaine inondable pour regagner le cours d’eau principal, dans ce cas-ci le ruisseau Saint-Jean. Pour une raison inexpliquée, ces poissons n’ont pas regagné le ruisseau assez rapidement et sont demeurés pris au piège.
L’Umbre de vase est un poisson mesurant au plus une dizaine de centimètres, la plupart des individus capturés lors de cette opération mesuraient moins de 5 cm, il s’agissait donc de jeunes de l’année. Ce poisson a la particularité de pouvoir s’enfouir dans la vase et dans le fond d’un cours d’eau pour se protéger d’un prédateur où encore pour survivre à une sècheresse. Il peut même respirer l’oxygène en dehors de l’eau. Dans le cas présent, ces propriétés n’ont pas permis à tous les poissons de survivre, puisque bon nombre d’entre eux, environ 10%, étaient déjà morts au moment où le biologiste d’Héritage Saint-Bernard est intervenu.
En plus de veiller quotidiennement à la préservation de plusieurs milieux naturels et des espèces y vivant, il arrive à l’occasion qu’Héritage Saint-Bernard doive intervenir dans des situations particulières comme celle-ci lorsque c’est possible et nécessaire.