La fermeture d’urgence du pont de l’Île-aux-Tourtes par le ministère des Transports a engendré bien des bouleversements dans le quotidien des automobilistes depuis le 20 mai. En réaction à cette annonce, le maire de la Ville de Vaudreuil-Dorion, Guy Pilon, a choisi de rédiger une lettre ouverte au ministre des Transports François Bonnardel : Pont de l’Île-aux-Tourtes et autoroute 20 : un chaos annoncé.
Mon nom est Guy Pilon, je suis maire de Vaudreuil-Dorion.
Monsieur le ministre Bonnardel, un tronçon de 7 km de l’autoroute 20 est la seule section de cette infrastructure pancanadienne à être contrainte par des feux de circulation. Ce « boulevard urbain » qui enjambe Vaudreuil-Dorion et l’Île-Perrot accueille quotidiennement non seulement 50 000 automobilistes, mais aussi 75 % des biens échangés par le Québec avec l’Ontario et les États-Unis.
La fragilité de cette configuration est apparente avec la fermeture d’urgence du pont de l’Île-aux-Tourtes. L’autoroute 20 déjà ankylosée doit accueillir la majeure partie des 87 000 automobilistes qui empruntent ce pont servant de liaison entre Vaudreuil-Dorion et l’île de Montréal. Rappelons-le, 15 000 camions lourds traversent quotidiennement la frontière Québec-Ontario dans Vaudreuil-Soulanges.
Ce n’est malheureusement pas une surprise. On dit souvent que le pont est en fin de vie. Il serait plus convenable de dire qu’il est maintenu en vie artificiellement. Construit de 1962 à 1965 (tout comme l’ancien pont Champlain), le pont a déjà nécessité 110,4 M$ de dollars en travaux de maintien. Le ministère des Transports du Québec (MTQ) prévoit devoir y injecter 172,4 M$ d’ici 2031 pour le garder en service avant la construction d’un nouveau pont. De ce montant, des travaux de 23 M$ étaient prévus seulement pour 2021.
Les rapprochements avec l’ancien pont Champlain sont évidents. En effet, des centaines de millions de dollars y avaient été dépensés avant la reconstruction.
Mon désarroi est amplifié par l’insistance dont les élus locaux ont fait preuve dans les dernières années afin que le MTQ soit proactif dans la gestion du transport dans notre région. Plus précisément, un engagement a été pris il y a une cinquantaine d’années par le gouvernement afin de boucler le parachèvement de l’autoroute 20. Nous attendons toujours. Ce manque de vision et de planification fera perdre de précieuses heures à de nombreux résidents qui n’ont d’autres choix que de se rendre sur l’île de Montréal pour y travailler.
C’est sans compter les pertes de productivité et les gaz à effet de serre générés par les voitures circulant au ralenti sur des kilomètres.
Depuis l’élection du gouvernement actuel, j’ai manifesté mon inconfort à voir le MTQ privilégier le parachèvement de l’autoroute 35 à proximité de la frontière canado-américaine. Je suppose que ces travaux profitent à une fraction du nombre d’usagers qui empruntent l’autoroute 20 dans Vaudreuil-Soulanges.
Un autre exemple récent vient tourner le fer dans la plaie. Selon différentes projections, le troisième lien dans la Capitale-Nationale sera emprunté par au maximum 15 000 automobilistes. Dans ce cas, le gouvernement n’a pas hésité à prévoir une dépense de 10 milliards de dollars. Encore une fois, il s’agit d’une fraction du débit quotidien sur le pont de l’Île-aux-Tourtes et l’autoroute 20.
Pour finir, rappelons que dans les derniers mois, la Ville de Vaudreuil-Dorion a proposé un aménagement simple et qui pourrait être mis en place rapidement pour sa portion du « boulevard urbain ». Celui-ci, au bas mot, aurait assuré plus de fluidité dans la situation actuelle. Le MTQ semble avoir repoussé le projet aux calendes grecques, avec les résultats que nous voyons.
Guy Pilon, maire de la Ville de Vaudreuil-Dorion