La députée de Salaberry-Suroît Claude DeBellefeuille signe sur INFOSuroit des billets sur des enjeux locaux et nationaux en lien avec son travail à la Chambre des communes à Ottawa. Voici son plus récent billet, Se prêter au jeu de la Chine.
D’ordinaire, je garde mes billets de la députée pour traiter de sujets locaux. Cette fois-ci, j’ai envie de vous parler de droits humains.
C’est rare qu’on parle de cette question. Pourtant, nous avons une occasion en or d’en discuter puisque nous sommes à quelques jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver à Pékin.
Je dois dire en début de course que j’ai beaucoup d’empathie envers les athlètes et les équipes de soutien qui se rendent ces jours-ci en Chine. S’ils veulent vivre leur rêve olympique, se dépasser, nous inspirer de leur meilleure performance, ils doivent le faire cette année en sol chinois.
Et pourtant…
L’indignation vient du traitement réservé à la minorité musulmane ouïghoure, vivant dans la région du Xinjian, qui subit une politique bien organisée d’assimilation depuis 1949. La persécution est telle qu’aujourd’hui, des caméras de sécurité sont installées un peu partout dans les villes de leur région, leurs lieux de culte sont fermés, leur langue éradiquée, leurs déplacements contrôlés.
On estime qu’aujourd’hui, jusqu’à 2 millions de Ouïghours sont détenus dans des camps de concentration. Au Parlement, le comité des droits humains a reçu des survivants et des activistes qui ont fait état de nombreuses pratiques barbares. Des témoignages profondément troublants de viol, de stérilisation de femmes. Des histoires de travail forcé, de détention de masse. Certains rapports évoquent qu’on y prélève des organes, à tout le moins de l’ADN, sur les détenus.
À la lumière de toutes ces informations, les parlementaires ont décidé de nommer un chat, un chat : le gouvernement chinois procède au génocide de sa minorité Ouïghour. Lors du vote, le gouvernement libéral était étrangement absent.
Un champion olympique et illustre campivallensien, Jean-Luc Brassard, a d’ailleurs livré un plaidoyer très juste sur l’impertinence dans ce contexte génocidaire de faire le jeu de la Chine, d’autant plus que le régime se régalera des exploits sportifs des meilleurs athlètes du monde, au vu et au su des commanditaires majeurs et de la communauté internationale. Sa réflexion sur le mouvement olympique vaut vraiment le détour.
Une combativité remarquable
Je veux aujourd’hui saluer mon collègue Alexis Brunelle-Duceppe, député du Bloc Québécois dans Lac-Saint-Jean, qui a mené le combat afin de faire adopter une motion en Chambre demandant au Comité international olympique de reporter ou déplacer les Jeux si la Chine poursuivait le génocide. Son travail l’a même mené à Prague afin de bâtir des solidarités avec des parlementaires de partout dans le monde pour décupler la pression sur les autorités chinoises.
Sa ténacité l’aura fait inclure sur la liste noire de la Chine, l’empêchant d’y séjourner. Imaginez! L’insistance du Bloc Québécois et d’Alexis aura forcé le Canada à faire la moindre des choses, soit de participer avec d’autres pays au boycott diplomatique des Jeux de Pékin.
Si les Jeux s’ouvrent quand même à la date prévue, malgré tout, la cause des Ouïghours a obtenu une visibilité considérable. Ce qu’on peut espérer, pour la suite des choses, c’est que jamais nous ne laisserons tomber les Ouïghours. Il est important que le gouvernement canadien s’engage à reconnaitre et dénoncer le génocide et qu’il fasse preuve de courage devant les pires crimes contre l’humanité.
Mon collègue Alexis a publié une lettre ouverte–– que je vous invite à consulter.
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Claude DeBellefeuille
Députée de Salaberry-Suroît à la Chambre des communes
Courriel : [email protected]
Téléphone : 450 371-0644 (sans frais : 1 866 561-0644)
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