(JP Major) – La coalition intersyndicale du Suroît COTON-46 avait convoqué les médias ce matin (14 mars) sur la Place des Tisserands face à l’ex-Montreal Cotton aujourd’hui Hôtel Plaza afin de faire savoir qu’un arbre sera planté ce printemps pour honorer la mémoire de Madeleine Parent décédée lundi.
Étaient présents ce matin Claudine Desforges, vice-présidente Suroît du Conseil central de la Montérégie-CSN, Alain Leduc militant retraité de la FTQ, Roger Cournoyer, retraité du Syndicat de la Fonction Publique du Québec(SFPQ), Marc-Olivier Pagé, président de l’Alliance du Personnel professionnel et Technique de la Santé et des services sociaux (APTS) section Suroît, Pierre LaGrenade, président de COTON-46, Daniel Mallette, président du Conseil du travail du Suroît-FTQ et Mireille Proulx présidente du Syndicat de l’enseignement de Champlain-CSQ.
Pour que le souvenir de Madeleine Parent demeure source d’inspiration, dès que le printemps sera établi, COTON-46 plantera donc un arbre sur la Place des Tisserands, aux côtés des magnifiques sculptures de la femme, de l’homme et de l’enfant qui grâce à cette lutte de 1946 ont pris leur envol pour un monde meilleur.
Militante syndicale infatigable, Madeleine Parent a été un personnage marquant de l’histoire de Salaberry-de-Valleyfield. Dans des conditions particulièrement difficiles, elle a travaillé sans relâche à l’organisation du syndicat des ouvrières et des ouvriers de la Montreal Cotton en apportant un soin particulier à la mobilisation des femmes. Au déclenchement de la grève en 1946, elle a mis sur pied l’organisation des Dames auxiliaires qui regroupaient les femmes et les mères des grévistes qui ont joué un rôle majeur dans la victoire.
Harcelée par la police, les juges du Premier ministre Duplessis et par la majorité du clergé, avec en tête le Cardinal Léger alors vicaire à la cathédrale de Valleyfield , sous le coup d’un mandat d’arrêt et recherchée par la police, elle se cachait dans les maisons des grévistes de Salaberry-de-Valleyfield pour continuer à assumer la direction de la grève. C’est en organisant le support de l’ensemble de la population de Salaberry-de-Valleyfield avec des grandes assemblées publiques à chaque semaine pendant les 100 jours qu’a duré la grève qu’elle a contribué à la victoire du syndicat qui a été reconnu par la compagnie et qui a réussi à négocier une première convention collective.
Madeleine Parent a été la cheffe de file de ce premier coup de clairon annonciateur de la Révolution tranquille où les employés(es) de la Cotton ont compris qu’ils étaient les seuls habilités à savoir ce qui était bon pour eux, où le peuple de Salaberry-de-Valleyfield s’est soulevé et a apporté son appui à la lutte pour le respect de ceux qui créent la richesse du pays. Cette première victoire a ouvert la voie à la syndicalisation de l’ensemble des entreprises de notre région. C’est Mme Parent qui disait : « Chaque lutte syndicale enseigne aux travailleurs comment se battre. Rien n’est jamais complètement perdu ».
Ce matin, les représentants de COTON-46 se rappelaient des souvenirs. Certains avaient eu la chance de la rencontrer. Claudine Desforges se rappelle que Madeleine Parent était présente à l’inauguration de la Place des Tisserands à Valleyfield. Pierre Lagrenade raconte que Madeleine Parent savait que la Montreal Cotton avait une grande emprise sur le clergé de l’époque et sur la municipalité. Elle a quand même contraint le maire de Valleyfield Robert Cauchon de congédier son chef de police. Il a cependant été ré-engagé par la Montreal Cotton! Daniel Mallette se souvient aussi que Madeleine Parent était venue rencontrer les grévistes de la GoodYear au début des années 2000. Pour sa part, Alain Leduc se rappelle que dans les familles de travailleurs, il ne fallait pas pas parler contre Madeleine Parent.
L’humilité est aussi un mot qui est revenu souvent. D’ailleurs Madeleine Parent n’a pas voulu que la coalition intersyndicale du Suroît prenne son nom pour leur fondation.
Pour les personnes et organismes qui n’arrivent pas à atteindre leur objectif aussi rapidement que prévu, Daniel Mallette se rappelle qu’à ce propos, Madeleine Parent lui a déjà mentionné « Tu sais le nombres d’années qu’il a fallu aux femmes pour obtenir le droit de vote, alors il faut garder en tête l’objectif et continuer ».
Madeleine Parent était une femme d’exception, son courage, son sens de la justice sociale et sa détermination tranquille revivront bientôt grâce à un arbre sur la Place des Tisserands face à la baie du lac Saint-François tout près de la cheminée de la Montreal Cotton.