Économie mondiale – Pipeline Keystone, Salaires Chine-USA et bons du trésor

Michel Falardeau chroniqueur economie mondiale Photo publiee par INFOSuroit.com_(Michel Falardeau) – Au chapitre de l’économie mondiale il s’est passé beaucoup de choses encore une fois sur la planète. Ce qui a retenu l’attention des derniers jours est la diminution de l’écart des salaires entre les chinois et les américains, par contre les bons du trésor américain trouvent moins de preneurs à l’étranger et le Canada veut mettre de l’emphase pour diversifier son économie en lien avec le pétrole albertain :

Affaire Keystone, le Canada cherche d’autres débouchés
En réaction à la décision du gouvernement américain de reporter à plus tard la construction du pipeline Keystone, qui aurait acheminé jusqu’au cœur des États-Unis le pétrole produit en Alberta, le premier ministre Harper affirmait récemment que le Canada ne pouvait pas se retrouver dans la situation où pratiquement son seul client, les États-Unis, pourrait lui dire « non ». Selon lui, ce simple report souligne l’urgence, pour le Canada, de diversifier les marchés d’exportation de son pétrole afin de sécuriser son économie.

economie-essence-petrole-dollar-americain-Photo-CPA-publiee-par-INFOSuroit-com_Ajoutons à cela qu’en raison de la découverte et de la récente exploitation du pétrole de schiste dans la région du midwest américain, un surplus de pétrole brut s’y accumule présentement à Cushing, en Oklahoma, précisément là où le pétrole albertain est envoyé pour y être raffiné.

En raison de cette surabondance de pétrole à Cushing, les pétrolières albertaines se voient donc forcées de vendre leur pétrole à un prix inférieur de 30 $ au prix international… ce qui est loin de leur plaire.

Pas surprenant dès lors de voir des entreprises canadiennes s’activer fébrilement pour trouver d’autres débouchés au pétrole albertain vers des régions des États-Unis et du monde où le prix international prévaut. En territoire américain, des compagnies canadiennes s’affairent d’abord à désengorger la région de Cushing en inversant le flux de pétrole circulant dans un pipeline déjà existant pour le rediriger vers le Texas plutôt qu’au midwest. En outre, elles projettent de construire deux nouveaux pipelines pour acheminer le pétrole qui s’accumule à Cushing vers le Texas où il pourrait être raffiné et vendu ailleurs au pays, voire même à l’étranger.

En sol canadien, il est question de construire deux pipelines reliant l’Alberta à la côte « ouest » de Colombie-Britannique pour exporter le pétrole canadien vers les pays asiatiques, notamment la Chine, où la demande demeure toujours très forte. On envisage également un pipeline qui relierait l’Alberta à Montréal ou même à Québec et, de là, le pétrole pourrait être transporté par bateau vers la côte « est » du Canada et des États-Unis.

L’écart salarial s’amenuise entre la Chine et les États-Unis
En 2005, un travailleur américain gagnait, en moyenne, 22 fois plus que son collègue chinois. Aujourd’hui, cet écart s’est rétréci autour de 10 fois. Si la tendance se maintient, il ne sera plus que de 5 fois en 2015. Avec le prix du pétrole en forte croissance, le coût du transport intercontinental augmente rapidement. En raison de ces facteurs, plusieurs économistes commencent à entrevoir une possible renaissance du secteur manufacturier aux États-Unis.

action-bon-du-tresor-obligations-bourse-Image-CPA-publiee-par-INFOSuroit-com_Les investisseurs étrangers délaissent les bons du trésor américain
Entre 2005 et 2010, la Chine achetait 63% des nouvelles émissions de bons du trésor américains. En 2010, cette proportion s’est réduite à 45%… et aujourd’hui, elle se limite à 15% seulement.

La Réserve fédérale américaine (FED) s’est donc vue forcée de prendre la relève.

Selon M. Lawrence Goldman, ex-employé du Trésor américain et actuel président  du Center for Financial Stability, elle s’est portée acquéreur, en 2011, de 61% des nouvelles dettes émises par le gouvernement américain. Cette intervention massive de la FED contribue certes à stabiliser les marchés, mais, du même coup, elle masque le terrible fait que les investisseurs étrangers, qui détenaient jusque là près de la moitié de la dette des États-Unis, semblent maintenant déserter le navire américain.

En Europe, les articles #104 du traité de Maastricht et #123 du traité de Lisbonne interdisent aux banques centrales d’acheter des bons du trésor des États membres de la communauté européenne. Aussi, face à la hausse vertigineuse de leur dette, certains pays ont-ils vu exploser les taux d’intérêt qu’ils doivent payer aux banques privées sur leurs nouveaux emprunts, ce qui les force présentement à implanter des mesures d’austérité drastiques dans le but de reprendre le contrôle de leurs dépenses budgétaires.

Aux États-Unis, l’achat massif par la Réserve fédérale américaine de bons du trésor du gouvernement contribue à garder artificiellement bas les taux d’intérêt sur la dette américaine et émousse tout sentiment d’urgence quant à la nécessité de réduire la taille colossale du déficit budgétaire. La FED compte-t-elle ainsi être en mesure de maintenir ce pays sous respirateur artificiel jusqu’à ce qu’une véritable reprise économique s’amorce, basée sur une relance des dépenses des consommateurs et des investissements des entreprises ?

Espérons qu’elle ait raison car notre propre économie québécoise dépend largement de celle de nos voisins du sud… Pour leur part, les investisseurs étrangers sembleraient ne plus trop y croire, leurs achats de dette américaine ne représentant plus que 0,9% du produit national brut en comparaison de 6,0% en 2009.
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Si vous souhaitez lire ou relire les précédents billets et dossiers de Michel Falardeau sur L’Économie mondiale, voici les liens à suivre :


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Une réponse à "Économie mondiale – Pipeline Keystone, Salaires Chine-USA et bons du trésor"

  1. Denise St-Germain dit :

    Le Canada, le dernier qui se tient debout, peut découvrir que sa situation financière n’est pas si spéciale que ça, après tout.

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