(Jean-Pierre Major) – En pleine campagne électorale provinciale, c’est au Musée québécois d’archéologie de Pointe-du-Buisson le 26 mars que les maires de Beauharnois et Salaberry-de-Valleyfield ont fait connaitre leur point de vue afin que le gouvernement développe une approche à plus long terme afin que les Villes cessent d’être en mode attente avant, pendant et après une période électorale.
Les maires des deux plus importantes villes de la MRC de Beauharnois-Salaberry adhèrent, comme la majorité de leurs homologues à travers le Québec au Livre blanc des municipalités qui favorise davantage d’autonomie et met en place une gouvernance de proximité. M. Haineault, le maire de la Ville de Beauharnois qui doit gérer une croissance rapide a multiplié les exemples qui prouvent que Québec n’avance pas assez vite :
L’autoroute 30 est en opération depuis plus de 15 mois, mais les millions en projet d’expansion dans le parc industriel ou autour de l’autoroute attendent de Québec des servitudes d’accès, des analyses environnementales qui n’en finissent plus. Un contrat de 8 millions de dollars donné en septembre pour les infrastructures du parc industriel est en attente du certificat d’autorisation du ministère de l’Environnement! Autre exemple de M. Haineault relié de près à l’autoroute 30 ; depuis un an, le ministère des Transports du Québec et NA 30 le gestionnaire privé de l’autoroute ont reçu 22 demandes de correction sur les 26 pancartes sur le territoire de Beauharnois. On a donné suite à une seule ! Il a souligné qu’il a fallu plusieurs mois et trois accidents importants sur le chemin de la Beauce près des accès de l’autoroute 30 pour que se pointe un panneau « Arrêt » à l’intersection
Québec et Ottawa nuisent à l’expansion des municipalités
Pour Denis Lapointe maire de la Salaberry-de-Valleyfield, la paperasse et les encadrements exigés par les gouvernements supérieurs nuisent à l’expansion des municipalités. Les villes souhaitent plus d’autonomie et invitent Québec et Ottawa à mettre sur pied rapidement une nouvelle entente pour la réfection des infrastructures. Sans un accord rapide, M. Lapointe estime que les municipalités n’auront pas d’autres alternatives que d’augmenter les dettes.
Les villes sont prêtes à prendre plus de responsabilités, mais il faudra que Québec leur donne plus d’autonomie et soit en mesure d’offrir un accompagnement adéquat.
Jusqu’à maintenant dans la campagne électorale au Québec, on n’a pas entendu parler beaucoup de ce sujet. L’éthique, la charte de la laïcité et un éventuel référendum ont pris la majeure partie de l’espace. Malheureusement les enjeux locaux et régionaux semblent absent du débat électoral.
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Plus d’autonomie !
UN ÉLÉPHANT BLANC
L’Écoparc industriel de Salaberry-de-Valleyfield a été développé en vertu d’un règlement d’emprunt de l’ordre de 15 700 000 $ décrété en 2011. À l’heure actuelle, il est occupé par une seule entreprise, Nouvelle autoroute 30 senc, à qui la municipalité a cédé un terrain à titre gratuit (1, 00 $), et ce, en plus de lui accorder d’importantes réductions de taxes foncières.
Durant la campagne électorale de l’automne dernier, le maire Denis Lapointe avait laissé entendre que des négociations étaient en cours en vue de l’implantation de nouvelles entreprises dans L’Écoparc, dont une œuvrant dans le domaine pharmaceutique. Or, depuis les élections, aucune nouvelle implantation n’a encore été annoncée.
La seule nouvelle concernant l’Écoparc est cependant presque passée sous silence malgré son importance. Il s’agit de l’annulation de la vente, au prix de 400 960 $, d’un terrain à Construction Broccolini. Après avoir testé le marché, cette entreprise a préféré perdre son acompte (environ 10 % du prix de vente) plutôt que d’acheter un terrain qu’elle a été incapable de développer depuis 2012. Le fruit de cette vente devait servir à rembourser une partie des frais d’acquisition de propriétés pour développer l’Écoparc et un lien routier.
La compagnie Broccolini n’est pas une nouvelle venue. Son nom est placardé un peu partout là où il y a du développement à faire. Créée il y a 65 ans, elle est parmi les plus importants entrepreneurs généraux (développement et construction) sur les marchés résidentiel, commercial, institutionnel et industriel du Québec et de l’Ontario.
L’annulation de cette vente n’est pas anodine. Elle fait la preuve que la Ville s’est précipitée – à coût de millions de dollars d’argent public – pour construire les infrastructures de l’Écoparc industriel, mais sans avoir les prospects et les garanties de pouvoir rentabiliser cette réalisation. Jamais, un développeur privé n’aurait agi de la sorte. Il aurait développé ce genre de projet, par phase, au rythme de ses ventes.
Stratégiquement, la Ville aurait dû éviter d’investir dans l’Écoparc et se concentrer à poursuivre le développement du Parc industriel et portuaire Perron à cause de ses atouts majeurs, soit la présence du port et l’accès facile aux voies ferroviaires du CN et de CSX, comme l’a pertinemment souligné M. Mario Pitre dans sa dernière opinion.
Contrairement à Broccolini, la Ville ne peut toutefois pas reprendre l’argent investi dans l’Écoparc. C’est une autre réalisation qui s’avère plus coûteuse que bénéfique pour les contribuables de Salaberry-de-Valleyfield. C’est en effet beaucoup d’argent de dépenser pour fournir une luxueuse voie de passage à la carrière Dolomite en remplacement de son ancien chemin d’accès coupé par la construction de l’autoroute 530.
Ce qui a l’air d’un éléphant blanc donne raison à M. Normand Bourget qui a récemment demandé au futur gouvernement du Québec de s’engager à ne plus faire de chèque en blanc aux municipalités en matière d’infrastructures municipales et à les obliger de se conformer à des conditions avant de leur verser de l’argent ou de les laisser emprunter impunément.