(Jean-Pierre Major) – La directrice générale du Centre de santé et des services sociaux (CSSS) du Haut-Saint-Laurent Sophie Doucet quittera son poste le 25 avril prochain. INFOSuroit.com l’a rencontré afin de faire le bilan de son passage dans la région et pour en savoir plus sur son passage au privé en santé.
En mars 2010, Sophie Doucet avec son expérience dans le domaine de la santé en ressources financières fait le saut dans le Haut-Saint-Laurent pour accéder à un poste de directrice générale. Fille de Montréal avec un bagage de 10 ans à Laval, Mme Doucet débarque dans la région. Le coup de coeur est total ; le dynamisme de la communauté, l’esprit d’entraide, les paysages de la région et même le personnel du CSSS du Haut-Saint-Laurent sont des éléments qui rapidement ont séduit Sophie Doucet.
« Un Coup de coeur total »
Installée à Sainte-Martine depuis 2010, Sophie Doucet avoue avoir maintenant « la région tatouée sur le coeur et le milieu rural aussi ». Elle se dit « vendue à la région » et n’a pas l’intention de déménager même avec son nouvel emploi.
Sa première agréable surprise est de constater la vitalité de la communauté, « une communauté très attachée à ses institutions et qui va tout faire pour contribuer positivement aux institutions. Aussi j’ai été agréablement surprise par l’équipe, les gens en place et leur niveau d’engagement élevé autant au niveau des gestionnaires que des employés. On a des employés extrêmement engagés, cela paraît et cela se ressent en se promenant dans les différents sites du CSSS du Haut-Saint-Laurent ».
Fierté d’accomplissement?
Lorsqu’on lui demande ce qui a été sa plus grande fierté d’accomplissement, Sophie Doucet parle de l’accès aux services médicaux. « Je pense que cela a été de mettre le doigt sur la problématique de l’accès aux services médicaux dans la région. Quand je suis arrivée, je me suis mise à fouiller les données, questionner les gens pour réaliser que l’on était dans une situation problématique. On a monté des dossiers et fait des représentations, on n’a pas obtenu tout ce qu’on voulait parce que l’on aurait aimé avoir une rémunération accrue pour nos médecins un peu comme dans d’autres régions éloignées du Québec, mais on a quand même réussi à obtenir deux postes de médecins-boursiers pour le territoire et également on a réussi à faire activer un dossier pour toute la Montérégie-Ouest un concours avec l’Agence de la santé et des services sociaux et le Ministère de la Santé. Donc depuis un an, le CSSS du Haut-Saint-Laurent travaille avec l’Agence et le Ministère et tous les yeux sont rivés en Montérégie-Ouest pour résoudre la problématique d’accès aux services. Chez nous c’est un problème d’accès aux services médicaux, dans le Suroît et dans Vaudreuil-Soulanges ce sont d’autres problèmes, mais qui sont interreliés.
Je vous dirais aussi le fait d’avoir une urgence stable à l’Hôpital Barrie Memorial. Depuis plus d’un an, il n’y a plus de problème de couverture médicale à l’urgence. On avait amené un dossier devant l’impossibilité d’assurer les services sur une base régulière, on avait travaillé des révisions d’offre des services. Cela a fait beaucoup parler chez les médecins et dans la population. Je pense que ce que cela a eu de bon a été de réveiller les gens. Les médecins se sont mobilisés pour assurer la couverture médicale. Il y a donc eu beaucoup de positif à la suite de la sortie de cette démarche-là.
Un moment difficile profitable
Dans la même veine, il faut souligner que c’est aussi tout le soulèvement populaire autour du dépôt du projet de révision de l’offre des services pour trouver une solution concrète à la couverture médicale de l’urgence qui a été la période la plus difficile pour la gestionnaire du CSSS du Haut-Saint-Laurent. Dans l’impossibilité de maintenir les services et de rallier les médecins, « moi je croyais beaucoup à ce projet et je crois encore qu’il y a moyen d’offrir des services différemment. Pas juste chez nous dans le Haut-Saint-Laurent, mais partout au Québec.
La société québécoise n’est peut-être pas encore assez sensibilisée qu’il y a d’autres moyens d’avoir des services de santé et de services sociaux en 2014. L’hôpital est encore l’image du service ultime en santé. Je pense que comme société on va avoir de sérieuses réflexions à faire parce que l’on ne peut plus continuer comme cela. Le réseau de la santé est en train d’exploser. On est rendu à 50 % de toutes les dépenses de l’état en santé et cela va toujours en augmentant ».
Heureusement des médecins se sont impliqués et la couverture médicale à l’urgence est stable depuis plus d’un an. « Avant, on était souvent trois personnes à temps plein au téléphone, pour trouver un médecin disponible afin de combler l’horaire. Depuis un an, on peut se consacrer à autre chose et cela a donné lieu une excellente note de 94,2 % d’Agréments Canada à la suite de leurs visites de janvier dernier ». Le personnel d’Agrément Canada a relevé l’engagement et l’humanisme du personnel, la culture de sécurité et la planification stratégique du CSSS du Haut-Saint-Laurent. (À ce sujet vous pouvez lire ou relire INFOSuroit.com Santé – note remarquable pour le CSSS du Haut-Saint-Laurent).
À venir pour le CSSS
Parmi les projets qui sont sur la table et que Sophie Doucet aurait aimé voir se concrétiser, il y un projet de maladies chroniques. Dix projets pilotes au Québec vont être retenus et celui du CSSS du Haut-Saint-Laurent pour la prise en charge de services adaptés pour les maladies chroniques pourrait être du lot surtout que seulement deux projets en Montérégie ont été sélectionnés dont celui du Haut-Saint-Laurent.
Du même souffle Sophie Doucet mentionne qu’outre ce projet-pilote qu’elle ne pourra pas voir se concrétiser en quittant le CSSS, il y aussi son équipe de direction qui sera difficile à mettre de côté et à laisser derrière elle. « On était rendu à un niveau de maturité et de synergie inégalé. Depuis plus de deux ans, l’équipe est stable et on fonctionnait merveilleusement bien. Cela ça fait quelque chose de laisser, mais en même temps c’est une belle réalisation et ce la va faire en sorte d’assurer l’avenir même si moi je ne serai plus là ». Les défis du CSSS du Haut-Saint-Laurent pour les prochaines années sont reliés à l’argent et la relève, du moins pour la première ligne médicale.
Le futur du système public
En quittant le système public de santé, il allait de soi de demander à Sophie Doucet ce qu’elle voit pour le futur du système québécois. Elle souligne que « Depuis 15 ans plusieurs choses ont été essayées et cela ne fonctionne pas. Il faut que le système se trouve d’autres solutions que les traditionnels groupes de médecines familiales (GMF) et l’ajout d’infirmières praticiennes spécialisées. On disait cela il y a 15 ans. Il y avait des listes d’attente et plusieurs années plus tard c’est toujours la même chose. Je pense que cela prend une profonde modification du système de santé. Il faut revoir le mode de rémunération médicale. Le mode actuellement en force ne favorise pas les modes plus légers de prise en charge des patients. C’est encore beaucoup trop centré sur l’hôpital ».
Faire du développement
Sophie Doucet quitte pour le Groupe de Santé Sedna ou elle aura notamment comme tâches de faire du développement sur la Rive-Sud. Ce qu’elle ne pouvait faire dans le système public. Cela fait 4 ans maintenant que le gouvernement du Québec impose des compressions. Uniquement pour le Haut-Saint-Laurent, il y a eu 800 000 $ de coupures. Le système public de santé va donc vivre encore des années difficiles. « Les revenus de l’État ne sont pas au rendez-vous. Le problème est que l’on va demander encore des compressions qui ne seront plus possibles de faire sans couper dans les services à la population ».
De découvertes positives
La beauté de la région parmi les plus belles découvertes. Photographe amateure, Sophie Doucet occupera à nouveau ses temps libres ce printemps à la découverte de beaux paysages d’ici à immortaliser. Elle rappellent que « Les gens de la région, l’aspect communautaire et d’entraide du Haut-Saint-Laurent sont absolument extraordinaires et sont une des richesses du territoire. Il faut le vivre pour le croire. Quand on est élevé à Montréal on ne peut pas comprendre ». Elle nous a parlé également de la cohabitation harmonieuse entre anglophones et francophones. « Tout se fait dans le respect, cela a été une belle surprise ». Il y a aussi les belles découvertes associées aux nombreux produits locaux et du terroir.
J’ai donc eu le privilège de rencontrer une passionnée de la région. Rappelons qu’elle quitte la direction du CSSS du Haut-Saint-Laurent, mais pas la région.
Soulignons que les administrateurs du CSSS ont fait la demande au ministère pour un nouveau dg. Un processus qui pourrait prendre six mois. Entretemps, notons que le 16 avril, le CSSS du Haut-Saint-Laurent devra faire connaître la personne qui prendra le relais à la direction générale sur une base en intérimaire.
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