Mensuellement, Anne Minh-Thu Quach signe sur INFOSuroit.com des billets sur la politique fédérale. Pour sa nouvelle chronique, la députée de la circonscription de Salaberry-Suroît nous présente Adieu la dignité humaine pour les femmes, ou jetez vos utérus par la fenêtre pour survivre :
Les faits
Au Canada en 1962, la principale cause d’hospitalisation des femmes était l’avortement. Évidemment, la majorité d’entre elles étaient des personnes à très faible revenu.
Dans le monde aujourd’hui, chaque année :
- 16 millions de jeunes filles de 15 à 19 ans et 1 million de jeunes filles âgées de moins de 15 ans mettent au monde des enfants;
- La deuxième cause de décès toujours pour les jeunes filles âgées de 15 à 19 ans est liée aux complications de la grossesse et à l’accouchement;
- Environ 3 millions de filles âgées de 15 à 19 ans subissent un avortement à risque.
Aux États-Unis, 5 % des viols entraînent une grossesse, soit environ 32 101 grossesses chaque année.
Pour toutes ces raisons et plus encore, le gouvernement canadien a adopté en mai 1969 une exception dans le Code criminel permettant l’avortement dans certains cas. En 1988, la Cour Suprême du Canada déclare que l’article du Code criminel qui criminalise l’avortement est inconstitutionnel. Le plus haut tribunal du pays conclut alors que cela porte atteinte à l’intégrité physique et émotionnelle des femmes. En les menaçant d’être accusées d’un crime si elles obtiennent un avortement, cela viole leur droit à la sécurité.
En 2017, le gouvernement canadien déploie une politique d’aide internationale féministe et met en place l’Institut de financement du développement (IFD) dans le but d’aider les femmes à avoir accès à des choix égalitaires, du respect, de la sécurité et de la dignité, partout où elles vivent sur terre.
Là où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie
Ces dernières semaines, l’humanité nous rattrape. Aux États-Unis, non pas dans les lointaines contrées en guerre civile, nos voisins américains inspirés par les mouvements religieux catholiques et autres ont décrété par une loi l’avortement illégal dans l’état d’Alabama. Cet acte médical est maintenant un homicide et prévoit des peines pour les médecins pouvant aller jusqu’à 99 ans de prison.
Dans le même élan d’amour pour les embryons, le Kentucky, la Géorgie, l’Ohio, le Mississippi et le Missouri ont interdit l’avortement dès que les battements du cœur peuvent être détectés, soit vers six ou huit semaines de grossesse selon les états. Selon le site Naitre et grandir, que beaucoup de mamans connaissent, ces amas de cellules n’ont même pas de cerveau encore ! La droite religieuse elle croit qu’une âme vit dans cet embryon de 12 mm et que celle-ci est plus importante que le droit des femmes de choisir.
Choisir, être libre, n’est-ce pas l’ultime chose que tout homme et femme recherchent ? Cela me fait penser à un autre homme de droite qui prône sans être conséquent la liberté, l’équité, la responsabilité et le respect. Maxime Bernier s’assoit sur ses valeurs pour dire que le débat sur le droit à l’avortement a sa place au Canada. Je ne vois aucune équité homme-femme quand vient le choix d’avoir ou non un enfant. Je ne constate aucun respect envers les femmes quand on pense leur enlever des droits. Quel est le niveau de responsabilités que l’état prend en offrant les femmes à faible revenu à recourir aux services de faux médecins qui les avorteront à grands coups au ventre ou avec des aiguilles à tricoter ?
Je suis triste. Je suis honnêtement effrayée pour les milliers de femmes et des filles américaines, de la Corée du sud, africaine et bien d’autres qui n’ont ou n’auront plus accès à la paix d’esprit et à la sécurité. Pouvons-nous en faire plus ?
De la parole aux actes
Le Canada investit 650 millions de dollars sur trois ans pour réaliser sa politique d’aide internationale féministe afin de soutenir l’éducation sexuelle des filles et des garçons, la fourniture de contraceptifs, la planification familiale et les avortements sécuritaires.
L’honorable Chrystia Freeland, ministre des Affaires étrangères, a affirmé lors du lancement de la politique d’aide internationale féministe qu’ «Il est important, et historique, qu’un premier ministre et un gouvernement s’autoproclament fièrement comme étant féministes. Les droits des femmes sont des droits de la personne. Ils englobent les droits sexuels et reproductifs – et le droit d’avoir accès à des avortements sûrs et légaux. Ces droits sont au cœur de notre politique étrangère.»
Est-ce que notre premier ministre, Justin Trudeau affirmera fièrement à son homologue Donald Trump que ce qui se passe présentement chez lui est inacceptable et que les Canadiennes et Canadiens considèrent cela comme une question fondamentale pour les femmes partout dans le monde?
Les conservateurs de droite modifient à nouveau les règles de la dignité humaine. Nous devons en tant qu’élus des Canadiennes et des Canadiens à nouveau décrier cette régression et prendre position pour démontrer nos valeurs d’égalité homme-femme. Pouvons-nous aller plus loin et soutenir les groupes qui militent pour le choix des femmes ?
Pouvons-nous favoriser davantage l’accès aux services hors des grands centres urbains au Canada? Dans certaines régions, il y a très peu de cliniques. En Alberta par exemple, seulement deux cliniques peuvent pratiquer l’intervention : une à Edmonton et une à Calgary. Pouvons-nous passer de la parole aux actes pour démontrer notre soutien aux femmes en détresse ?
Si vous êtes d’accord que le premier ministre doit affirmer au président américain son opposition aux nouvelles législations au niveau du droit à l’avortement, signez ici : anneminhthuquach.npd.ca/droit-a-l-avortement
Anne Minh-Thu Quach
Députée fédérale de Salaberry-Suroît à la Chambre des communes
C : [email protected]
T : 450 371-0644
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