(Marie-Ève Rochefort) – Le prochain budget du Collège de Valleyfield pourrait en être un déficitaire en raison des compressions imposées par le gouvernement libéral provincial. En effet, c’est près de 1,5 M$ de dollars qui ont été amputés au budget de l’institution scolaire au courant des cinq dernières années, en plus d’un montant de 589 000 $ pour l’année 2015-2016 prévu dans le budget du gouvernement du Québec. Pour l’ensemble du réseau collégial, ces coupures s’élèvent à 40 M$. Il s’agit d’une situation fort inquiétante selon le directeur général de l’organisation, Guy Laperrière.
« Il faut retourner au milieu des années 90 pour retrouver un niveau aussi élevé de compressions dans le réseau. On est conscient qu’on doit faire des efforts pour atteindre l’équilibre budgétaire, mais il ne faut pas remettre en question ce qu’on a bâti. Avec les compressions successives depuis 5 ans, on ne peut pas garantir un budget équilibré pour juin. On aura peut-être un budget déficitaire », affirme-t-il.
Afin d’éviter qu’une telle situation ne se présente, puisque la loi prévoit que les institutions collégiales doivent présenter un budget équilibré, la solution pourrait se retrouver dans les soldes de fonds. Mais attention, cette alternative n’est pas sans conséquence.
« On devra faire une ponction dans les soldes de fonds si le conseil d’administration est favorable à l’idée. On dispose de 1,3 M$, mais si on pige 200 000 à 300 000 $ par année, ça va fondre vite. Si on fait ce choix, ça veut dire qu’on devra reporter certains projets. Il faut aussi comprendre que, dans le contexte actuel, il ne faut pas penser qu’on aurait une capacité rapide à régénérer un solde de fonds aussi important dans les prochaines années », poursuit-il.
Au niveau des services aux élèves, on peut s’attendre à ce que les compressions budgétaires annoncées par le gouvernement Couillard frappent fort.
« On va continuer de rendre nos services, mais on risque de les donner différemment. On veut préserver la nature même du service, mais l’organisation du rendu pourrait être revue. Il risque d’y avoir moins d’heures de disponibles pour la nature de ces services. Seulement au niveau du service d’intégration, on a environ 230 étudiants. C’est donc presque 10 % de nos étudiants qui présentent un obstacle à leur apprentissage. C’est le ratio qui risque d’être ébranlé. Plutôt que d’en rencontrer 8 ou 10 par jour, on va demander d’en rencontrer plus. C’est certain que la qualité du service va être différente, mais il n’y a pas d’étudiants qui vont être laissés seuls », a commenté monsieur Laperrière.
Les collèges en difficulté
Marc Rémillard, directeur des services administratifs au Collège de Valleyfield, a affirmé que 60 % des institutions collégiales ont annoncé un budget déficitaire au mois d’août dernier pour l’année 2014-2015. C’est donc 29 cégeps sur un total de 48 qui, avant l’annonce de ces nouvelles compressions, étaient déjà dans le rouge. Le Collège de Valleyfield arrivait, jusqu’à maintenant, à bien tirer son épingle du jeu et connaît même une augmentation au niveau des inscriptions. La situation n’est pas rose pour autant.
« Quand on est en croissance, les étudiants sont en droit de s’attendre qu’on rehausse les services, mais on sera en statu quo et on va peut-être même leur demander d’en faire plus. À l’aube de notre prochain exercice budgétaire pour 2015-2016, nous sommes très inquiets quant à notre marge de manoeuvre pour développer nos services aux étudiants, », a poursuivi Guy Laperrière.
Quant au personnel, le directeur général a affirmé que deux membres du personnel d’encadrement vont voir leurs postes être abolis par attrition, qu’un autre dans le secteur de l’entretien ménager ne sera pas reconduit et qu’une demi-douzaine de postes actuellement occupés par des gens sur le point de prendre leur retraite sont présentement sous analyse.
______________________________________________________________