Anne Minh-Thu Quach : Femme et politique

deputee Anne_Minh-Thue_Quach juin 2019 photo INFOSuroitDepuis mars 2012, la députée Anne Minh-Thu Quach publie sur INFOSuroit des billets mensuels sur la politique fédérale. La députée fédérale de la circonscription de Salaberry-Suroît (autrefois Beauharnois-Salaberry) a annoncé en février dernier qu’elle ne sollicitera pas de nouveau mandat souhaitant se consacrer à sa famille, elle qui attend un deuxième enfant. Anne Quach nous présente ici son dernier billet en tant que députée. Voici Femme et politique :

(Anne Minh-Thu Quach) – J’ai été choyée d’être élue durant ces huit dernières années à titre de députée fédérale de Beauharnois-Salaberry, puis de Salaberry-Suroît; de bénéficier d’un réseau de support et, grâce à cela, de faire de la politique à ma façon. À l’aube de ma retraite de la politique, j’aimerais inciter les femmes à s’engager pour la cause qui leur tient à cœur, à oser partager leurs points de vue et à proposer leurs idées librement sur la place publique.

Pour cela, j’aimerais vous faire mon bref Abécédaire du féministe qui prend sa source dans l’émission Plus on est de fous, plus on lit !  Les femmes de l’émission, elles-mêmes inspirées par The book of Jezebel, recueillent tout ce qui importe à la femme moderne donnant des exemples de femmes influentes et de concepts variés dans le but avoué de contrer le message misogyne diffusé dans les médias de masse.

Car effectivement, le message misogyne existe encore et toujours, même au Québec dans notre société épanouie et inclusive. Mascotte du libertarisme et du conservatisme, Maxime Bernier laisse planer que des modifications au droit des femmes à l’avortement sont envisageables pour gagner quelques votes. Ma chronique du mois de mai dernier exposait avec virulence l’importance de laisser aux femmes le droit de choisir ce qu’elles peuvent faire ou non avec leur corps. Pour chaque Maxime Bernier, nous avons besoin d’une Safia Nolin !

Safia Nolin n’œuvre pas en politique, mais a trop souvent fait la une pour son habillement ou son attitude non conventionnelle. Cette fois, elle nous expose avec douceur le besoin d’être qui elle est réellement dans le clip de la chanson Lesbian Break-up Song. Les temps changent tranquillement, car cette vidéo où elle s’y présente nue avec d’autres femmes est choquante pour certains et bouleversante et lumineuse pour d’autres. Je salue son courage de s’affirmer, d’assumer son corps et de permettre à d’autres de le faire.

Une autre femme qui a osé défier l’ordre établi : Malala Yousafzai. C’est une jeune femme admirable et un archétype de courage et de ténacité. Née au Pakistan, elle s’est opposée aux talibans qui tentaient d’interdire la scolarisation des filles. Elle fut victime de tentative d’assassinat et d’attentat. Elle doit s’expatrier pour continuer sa lutte pour l’éducation et le droit des femmes. En 2014, âgée de 17 ans, elle obtient le prix Nobel de la paix avec l’Indien Kailash Satyarthi, ce qui fait d’elle la plus jeune lauréate de l’histoire de ce prix. En 2018, elle fonde sa propre fondation pour que chaque fille sur la terre puisse apprendre et diriger.

Sur le plan environnemental, Greta Thunberg défend elle aussi avec ardeur ses principes et subit elle toutes les foudres de certains médias à chaque occasion qui leur est présentée. On dit d’elle qu’elle est manipulée, qu’elle est trop jeune, qu’elle est bizarre, qu’elle prend de mauvaises décisions en traversant l’Atlantique dans d’un voilier de course zéro carbone et qu’au final, tous ces messages ne portent pas chez les jeunes. Résistante aux intempéries, elle ose défier les dirigeants du monde et leur mettre au visage les conséquences de leur inaction. Elle m’inspire cette Greta et elle inspire toute une génération qui milite pour la protection de la planète.

Qui n’a pas entendu parler de la politicienne Alexandria Ocasio-Cortez ? En novembre 2018, elle devient la plus jeune femme à être élue au Congrès des États-Unis. Elle est attaquée de tout bord parce qu’elle est jeune, parce qu’elle n’a pas la langue dans sa poche, parce qu’elle danse ou parce qu’elle n’est pas blanche . Celle-ci, les deux pieds dans la politique, défend avec verve des idées à teneur sociale et progressiste telles que l’assurance maladie pour tous, un collège universitaire public sans frais de scolarité, la protection de l’environnement et l’adoption de politiques de contrôle des armes à feu.

Il est d’ailleurs démontré que plus il y a de femmes en politique et mieux la population se porte. Les femmes ont tendance à investir davantage dans les soins de santé, la prévention, les services sociaux et l’éducation postsecondaire. Il est aussi démontré que les femmes font de la politique différemment. Elles doivent bien sûr batailler pour gagner leur élection et faire valoir leurs idées au sein des instances qu’elles occupent. « Par contre, les femmes au gouvernement tendent à travailler de façon plus collaborative et bipartisane que leurs collègues masculins. » Elles ont donc tendance à prioriser ce qui est bon pour tous et non ce qui est bon pour leur parti ou pour elles-mêmes.

Je suis heureuse de pouvoir en tant que femme prendre ma place et parler des sujets qui m’intéressent et qui répondent aux besoins des citoyens. Je suis heureuse d’avoir pu défendre en tant que députée la protection de l’environnement, l’équité salariale, l’achat local, l’accès à des services de garde abordables partout au Canada, les travailleuses domestiques et la violence faite aux femmes, le Commissaire à la jeunesse, etc.

Les femmes vivent plus d’inégalités que les hommes partout dans le monde et aussi au Canada. Au Québec, elles sont plus nombreuses à être parentes monoparentales (75,1 %) ou à être des aidantes naturelles (57,8 %). « Les femmes proches aidantes assurent en moyenne plus d’heures d’aide, et la structure de l’aide reste conditionnée au rôle traditionnellement dévolu aux femmes (tâches ménagères, soins corporels à la personne, etc.). » Les femmes s’occupent aussi davantage de la gestion de la maisonnée et ont des revenus moindres que celui des hommes. Cela fait en sorte qu’elles sont encore celles qui écopent du manque de logement abordable, du coût élevé des médicaments, des problématiques liées à l’éducation des enfants et du transport. L’accès à la contraception est aussi difficile pour certaines femmes. Ma collègue néo-démocrate Mme Mathyssen a mené la lutte en Chambre en 2015 pour éliminer la taxe sur les produits d’hygiène féminine, et elle se bat maintenant pour faire adopter une loi qui rendrait les contraceptifs gratuits. En plus de tout cela, elles sont davantage oubliées dans la conception des objets du quotidien. Les ceintures de sécurité, bureau de travail, sac de travail ne prennent pas en compte la force physique et la physionomie des femmes qui représentent pourtant, rappelons-le 50% de la population.

Il reste encore du travail à faire pour les futures députées ! J’espère que lors de l’élection de cet automne, il y aura plus de femmes élues qu’en 2015, soit 26 %. En 2011, avec la vague orange, nous avions fracassé un record de 37 % de députée québécoise à Ottawa ! Comme quoi faire confiance à un tiers parti peut parfois nous mener à de belles surprises!

Ceci étant ma dernière chronique, je vous remercie de m’avoir lue et j’espère vous avoir conscientisés à des sujets importants pour moi et vous avoir donné quelques outils pour lutter contre les inégalités et les injustices ! Les filles, je m’adresse à vous toutes personnellement. Prenez votre place ! Faites valoir vos droits et surtout faites-le à votre façon. J’ai confiance qu’ensemble, nous pourrons améliorer notre situation pour notre planète, nos familles et les futures générations.

Pour accéder à toutes les références et pour plus de détails en lien avec ce billet d’Anne Minh-Thu Quach, cliquez ICI.

Anne Minh-Thu Quach
Députée fédérale de Salaberry-Suroît à la Chambre des communes

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Vous pouvez lire ou relire les billets d’Anne Quach publiés depuis 2012 via les archives d’INFOSuroit Chronique d’Anne Quach.

NDLR La députée Anne Quach et le personnel de son bureau de circonscription demeurent au service de la population de la région jusqu’au jeudi 17 octobre. Le bureau de la circonscription de Salaberry-Suroît est au 47, rue Jacques-Cartier à Salaberry-de-Valleyfield (téléphone 450 371-0644, courriel : [email protected]). Les prochaines élections fédérales sont prévues le 21 octobre 2019.

 


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