Le 15 mai dernier, la Ville de Salaberry-de-Valleyfield dévoilait sa Politique alimentaire par laquelle, la Ville s’engage à contribuer à l’amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments offerts et à faciliter l’accès à des aliments sains dans les infrastructures sportives et municipales, ainsi que dans les nombreux évènements organisés sur son territoire, afin de rendre les environnements plus favorables à une saine alimentation. La Politique alimentaire est aussi associée au règlement interdisant l’offre (promotion, don ou vente) de boisson énergisante dans les parcs et espaces verts lui appartenant, particulièrement lors des activités, fêtes et festival.
Cette annonce a suscité de nombreuses réactions : encouragements, félicitations, questions, mais aussi critiques sur les médias sociaux pour ce qui a trait à la règlementation concernant les boissons énergisantes. À la lumière des commentaires, la Ville de Salaberry-de-Valleyfield a tenu le 25 mai à apporter quelques précisions.
1. Quels sites sont touchés par l’interdiction?
Seuls les parcs et espaces verts, terrains appartenant à la Ville, sont soumis à la règlementation.
2. Qui a élaboré la Politique alimentaire?
La Politique alimentaire de Salaberry-de-Valleyfield est le fruit d’un travail collectif réunissant des représentants de la Ville, des professionnels en santé (Vie en forme et CISSMO), des événements (Festi-bières du Suroît) et des infrastructures sportives (Cité des Arts et des Sports et les Centres sportifs).
3. Combien a coûté la Politique alimentaire?
La Ville a déboursé 1 570 $. L’élaboration, la création et la mise en place de la Politique alimentaire auront nécessité l’intervention d’une employée de Vie en forme, d’une employée du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest et de la coordonnatrice à la vie communautaire, déjà en poste, dont le rôle est d’œuvrer, entre autres, à la promotion des saines habitudes de vie. Les coûts de conception et d’impression de la politique s’élèvent à 3 363 $. Ils ont été séparés entre l’organisme Vie en forme et la Ville qui a contribué pour 1 570$. Lors du dévoilement, une employée des communications a aussi été mise à contribution.
4. La Ville n’a-t-elle pas d’autres priorités?
Les champs de compétence des villes sont nombreux sans que, pour autant, les moyens financiers qui y sont alloués soient équivalents d’un mandat à l’autre. La qualité de vie passe par le traitement des eaux et la qualité du réseau routier, mais aussi par la santé des individus, la cohésion sociale, les sports, la culture, etc. Tous sont essentiels à la vie de nos sociétés, et donc, à leur niveau, la promotion des saines habitudes de vie et la prévention en matière de santé, constituent aussi une priorité.
La Ville de Salaberry-de-Valleyfield concentre 50 % de son budget de 77 646 102 $ entre trois postes : l’hygiène du milieu (infrastructures, traitement des eaux, entretien des réseaux, gestion des déchets, Écocentre, etc.), le transport (voirie, déneigement, circulation, stationnement, transport en commun, éclairage, etc.) et la sécurité publique (incendie et police). Ensemble, ces postes représentent près de 39 millions de dollars. La Politique alimentaire, et sa dépense de 1 570 $, se retrouvent dans le poste santé et bien-être, situé à l’autre bout du spectre, avec un budget annuel de 450 600$, soit 0,58 % des dépenses totales de la Ville.
5. La Ville dicte-t-elle aux citoyens quoi boire et quoi manger?
La Politique alimentaire n’a pas pour objectif de dicter aux Campivallensiens ce qu’ils doivent, ou non, manger et boire. Par contre, la Ville s’est donné comme mandat d’œuvrer en faveur des saines habitudes de vie. La prévention contribue à améliorer la santé des individus, mais permet aussi à nos sociétés de réaliser des économies à long terme. À force d’initiatives, il était naturel, maintenant, pour la Ville, d’exiger des événements une offre alimentaire plus variée proposant des choix santé sur ses terrains et dans ses bâtiments. L’objectif est d’atteindre les exigences d’une population de plus en plus vigilante en matière d’alimentation, mais aussi de sensibiliser le plus grand nombre en ouvrant les esprits à d’autres choix alimentaires. Salaberry-de-Valleyfield prêche par l’exemple, tout simplement.
Rappelons d’ailleurs que les grillades ne sont pas interdites. La Ville exige seulement le respect de la règlementation municipale et le respect des conditions sanitaires imposées par le MAPAQ, comme s’y contraignent l’essentiel des kiosques à grillades.
Aucune contravention ne sera donnée aux consommateurs.
6. Pourquoi s’en prendre aux boissons énergisantes?
La règlementation concernant les boissons énergisantes n’a rien d’une lubie, d’un caprice, de la part de l’administration municipale. Devant leur banalisation, c’est même un sujet de santé publique très sérieux. La consommation des boissons énergisantes inquiète depuis plusieurs années de nombreuses organisations en santé, au Québec comme à l’étranger, qui réclament une réglementation pour encadrer cette consommation, mais surtout, sensibiliser, informer et protéger.
Lors de l’élaboration de la Politique, l’organisme Liberté de choisir avait d’ailleurs souligné la nécessité en la matière d’informer les consommateurs sur les conséquences pour les inviter à la réflexion et à une prise de décision éclairée. Selon Marie-Josée Dumas, directrice de l’organisme qui vise, par plusieurs moyens, la prévention des dépendances et de ses conséquences, « les boissons énergisantes se sont banalisées, mais elles n’ont rien de banal. »
La Ville de Salaberry-de-Valleyfield, par sa Politique alimentaire, a simplement, et bien humblement à son niveau, décidé de mener une action symbolique en contribuant, par l’exemple, à inviter à la réflexion et à attirer l’attention de la population et des pouvoirs publics sur cette problématique.
Boissons énergisantes et risques pour la santé
À la suite du Rapport de la Food and Drug Administration (FDA) parue en novembre 2012, les effets des boissons énergisantes sur la santé sont toujours sous la loupe des chercheurs, mais une chose est certaine; les risques pour la santé sont bien présents. Selon une étude ¹, 34 % des 18-34 ans seraient des consommateurs réguliers. Mais, les risques varient selon les ingrédients retrouvés dans les différentes boissons énergisantes. La caféine, naturelle ou synthétique, semble être l’ingrédient présentant le plus haut risque pour la santé, en particulier pour les jeunes.
La caféine contenue dans les boissons énergisantes accélère le fonctionnement électrique du cerveau et augmente le rythme cardiaque. La consommation de caféine peut entrainer des effets indésirables tels que maux de tête, anxiété, tremblements, agitation, diminution de la concentration, irritabilité et insomnie.
Et le cœur dans tout ça? D’autres études ¹ démontrent que les boissons énergisantes peuvent déclencher la mort subite de jeunes individus apparemment en bonne santé. On estime à 31 % le nombre d’adolescents (12-17) consommant régulièrement des boissons énergisantes.
Le Dr Richard Blanchet (Association québécoise des médecins du sport) et Paul Boisvert (kinésiologue ayant œuvré au sein de la Chaire de recherche sur l’obésité de l’Université Laval) étaient catégoriques dans une entrevue donnée en 2013 au Journal de Québec : « les jeunes ne sont pas assez informés des dangers que peut représenter leur penchant pour les boissons énergisantes. L’excès est un danger immédiat, ça c’est clair » . Tous deux croyaient alors que le gouvernement devrait agir pour légiférer en vue d’interdire la vente de boissons énergisantes. (Source : Boissons énergisantes: les excès, un réel danger, Marie-Pier Duplessis, 19 août 2013, Le Soleil.)
À lire aussi : Un adolescent perd la vie à cause d’une trop grande consommation de caféine.
7. Pourquoi ne pas interdire aussi la bière?
À la différence des boissons énergisantes, alcool et tabac sont soumis à une règlementation. En revanche, il n’en existe pas encore pour les boissons énergisantes. La population est aussi très conscientisée et informée sur les risques liés à la consommation d’alcool et de tabac, mais il y a beaucoup de travail à faire au niveau des boissons énergisantes dont la consommation s’est malheureusement banalisée, rappelons-le.
8. Les Régates perdent-elles un commanditaire?
Aucune exception. Les Régates de Valleyfield ne pourront pas faire la promotion, vendre ou donner des boissons énergisantes sur les terrains appartenant à la Ville. L’organisation reste libre d’avoir pour commanditaire une marque de boissons énergisantes si ses activités se tiennent en dehors de terrains de la Ville, sur l’eau ou dans les airs par exemple. Nous espérons cependant que l’organisation sera sensibilisée et qu’elle envisagera une autre association pour la saison prochaine.
9. La Ville soutenue par le milieu de la santé!
La Ville de Salaberry-de-Valleyfield a été félicitée à plusieurs reprises pour son initiative par différentes organisations. Monsieur Denis Lapointe, maire, en déplacement au colloque Ville et villages en Santé à Saint-Mathieu a reçu les encouragements et le soutien des représentants d’autres villes membres, comme elle, du Réseau Québécois des Villes et Villages en Santé (RQVVS).
Ainsi, Lucie Granger, directrice générale de l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ) a salué l’audace et le leadership incontestable l’adoption de cette toute nouvelle politique alimentaire.
De son côté, au nom de la Coalition québécoise sur la problématique du poids (Coalition Poids), sa directrice, Corinne Voyer, a tenue à « féliciter la Ville de Salaberry-de-Valleyfield et ses partenaires pour l’adoption de sa politique alimentaire, qui permettra d’améliorer de façon durable la qualité nutritionnelle des aliments offerts et de faciliter l’accès à des aliments sains dans les infrastructures sportives et municipales, ainsi que dans les nombreux évènements organisés sur votre territoire ». Concernant l’interdiction des boissons énergisantes, madame Voyer affirmait que : « la Coalition Poids appuie vivement cette mesure », et soutient la Ville dans ce dossier, apportant même son appui dans de futures démarches.
Denis Lapointe, maire de Salaberry-de-Valleyfield invite solennellement la population à s’informer :
« Le sujet fait débat? Profitons-en pour sensibiliser particulièrement les jeunes à la consommation de boissons énergisantes et invitons-les à la prudence. C’est notre responsabilité à tous. »
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