(Marie-Ève Rochefort) – En lien avec les vives réactions suscitées par le projet de la Ville de Salaberry-de-Valleyfield de démolir une maison patrimoniale, laquelle est située à l’intersection des rues Dufferin et Maden, le maire lui-même, Denis Lapointe, a adressé une lettre ouverte à sa communauté. La voici :
La possibilité que soit démolie une maison patrimoniale sur la rue Dufferin, la maison de l’Anglaise, a fait couler beaucoup d’encre et il faut se réjouir que des citoyens se mobilisent pour démontrer leur appartenance à une époque particulière de la vie de notre communauté.
De tous les commentaires qui ont été formulés, il en est un en particulier qui a soulevé mon attention, celui de Monsieur Jean-Marie Rochefort qui nous dit ceci : « Ce qui est désastreux…c’est l’absence de vision globale sur le patrimoine du quartier ». C’est un peu réductif comme commentaire lorsqu’on sait qu’à l’échelle municipale les derniers conseils municipaux qui se sont succédé ont :
- Sauvé l’édifice du 18 rue Fabrique ;
- Permis que l’usine de la Soie (Springdale) soit transformée en préservant l’architecture ;
- Récupéré le vieux canal ;
- Réhabilité les façades du vieux centre-ville ;
- Créé un musée dans une église datant de 1881 ;
- Participé au sauvetage de la Cathédrale suite à l’incendie ;
- Réhabilité des ruelles patrimoniales dans le quartier Bellerive ;
- Préservé un grand quartier de la Montréal-Coton ;
- Permis qu’un hôtel naisse d’un bâtiment de la Montréal Cotton ;
- Développé un circuit patrimonial au cœur de la ville ;
- Créé un circuit touristique patrimonial.
Bien d’autres gestes ont été posés par les conseils actuel et antérieur de ville dans une perspective noble de préserver notre patrimoine bâti et de revaloriser notre patrimoine industriel; la sculpture du Souffle d’Éole et l’Espace Madeleine-Parent en sont des témoignages éloquents.
Il y a actuellement une mobilisation populaire autour de la préservation d’un édifice résidentiel de la rue Dufferin. Le nouveau propriétaire de l’édifice souhaite faire démolir le bâtiment pour permettre l’expansion de la résidence pour personnes âgées, voisine de la propriété. Comme tout propriétaire, il a requis que soit modifié le zonage où est située la propriété pour qu’il puisse procéder à la réalisation son projet. Comme on doit le faire pour toute demande, qu’elle soit individuelle ou corporative, une démarche d’analyse s’enclenche et un processus devant conduire à une modification ou non du zonage est alors initiée. Voilà où nous en sommes
De toute évidence, le conseil est à l’écoute, il entend, il reçoit les commentaires et prendra position en temps voulu à la lumière de la valeur du projet, de la mesure aussi de la volonté citoyenne manifestée de protéger le bâtiment, de la capacité enfin des moyens réglementaires et légaux dont on dispose pour préserver ce bâtiment.
Le conseil de ville a requis qu’une expertise patrimoniale soit faite par un spécialiste indépendant sur la valeur historique et physique du bâtiment. Cet outil fournira un meilleur éclairage quant à la marche à suivre dans ce dossier. Le propriétaire actuel du bâtiment concerné n’a pas demandé de permis de démolition et il en est présentement à l’étape des études préliminaires de son projet d’ensemble, lesquelles seront soumises au service d’urbanisme puis au CCU puis au Conseil de ville.
Ce dernier a manifesté à de multiples reprises son désir de préserver et mettre en évidence notre patrimoine bâti; les citoyens civils comme corporatifs ont une part importante à jouer dans la démarche municipale de préservation du patrimoine. Dans ses décisions, le conseil municipal saura certainement juger de la situation à la lumière de toutes les opinions comme des attentes citoyennes, et ce, pour le bien de toute la communauté.
Contrairement à ce qu’on peut penser ou dire, le conseil municipal et, de façon plus large, la ville ont une vision très claire du potentiel que représente la préservation du patrimoine dans l’ensemble de notre territoire et se sont engagés à consentir tous les efforts nécessaires pour le préserver tout en respectant au maximum les droits des citoyens dans la gestion de leurs propriétés.
Denis Lapointe
Maire
Prenez note qu’un registre sera tenu le 7 août prochain. Pour en savoir plus à ce sujet, je vous invite à lire ou à relire l’article Démolition d’une maison patrimoniale – Un registre le 7 août.
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À tous les nombreux supporteurs de la page de pétition sur Avaaz et a tous ceux qui ont protesté sans équivoque cette décision prise avant de recevoir l’avis d’un expert, merci d’avoir fait preuve de détermination.
Il est heureux que finalement la ville ait fait appel à un expert, in extremis, qui leur a dit la même chose que nous.
Bravo à tous et merci aussi au conseil municipal d’avoir enfin pris la bonne direction, celle du peuple qui les élit.
Commentaire sur la lettre ouverte de m. le maire sortant:
Quelle ne fut pas ma stupeur de lire le maire sortant faire encore une fois l’apologie de ce projet, justement très réducteur parce que fait à la hâte, sans consultation populaire, sans expertise sur les 2 propriétés juridiquement distinctes dont il s’agit.
Mais ne vous enfargez surtout pas dans les fleurs du tapis. Là maintenant que les gens se sont réveillés, tiens on demande une expertise.
C’est quoi cet acharnement à vouloir démolir des joyaux culturels (malgré votre affirmation très gratuite que ce sont « des ruines ») pour agrandir un affreux bloc appartement de luxe à prix très peu modique tout en essayant de faire croire à la population qu’ils s’agit d’une œuvre humanitaire que de bâtir une autre « résidence » pour personnes âgées (en moyen) quand on a pas justement les « moyens » d’en créer d’autres pour ceux qui n’en n’ont pas vraiment les moyens mais qui en ont vraiment besoin.
C’est quoi cet acharnement à favoriser une entreprise qui n’a pas vraiment d’autre intérêt que de faire de l’argent (avec les personnes âgées) mais en camouflant cet objectif derrière les gorges chaudes des conseillers qui nous disent que c’est « nécessaire » pour les personnes âgées? Il y a de multiples autres endroits très propices mais voyons, ça coûterait beaucoup plus cher que d’agrandir en démolissant juste à coté.
N’est-ce pas curieux tout ça? Pourquoi créer un autre projet de zonage « manigance » (modifiant la zone) augmentant le nombre de personnes requises pour essayer de rendre la contestation plus difficile?
Qu’arrive-t-il à MA demande de référendum et celle de tous les autre citoyens s’étant prononcés. Vous nous laissez en plan illégalement. Notre demande doit être suivie, comme le prescrit la loi, d’un référendum en bonne et due forme pour ceux qui l’ont légalement requis selon la loi.
Messieurs et madame du conseil, remettez vous vite les yeux en face des trous, vous semblez vraiment être en train de vous en faire passer une petite vite…
Je vous conseille vivement d’y réfléchir sérieusement avant d’essayer de berner la population encore une fois avec ces histoires de nouveau projet de changement de zonage pour favoriser cet entrepreneur.
Même si vous semblez le croire et que vous essayez de les traiter de la sorte, vos concitoyens, sont un peu plus dégourdis que ça et étonnamment (pour vous peut-être), ne sont pas dupes.
Le dossier de la démolition de la maison patrimoniale de la rue Dufferin est difficile à suivre, tant les informations en provenance de l’administration municipale se contredisent.
En effet, dans sa lettre, le maire Denis Lapointe indique que :
« Le nouveau propriétaire de l’édifice souhaite faire démolir le bâtiment pour permettre l’expansion de la résidence pour personnes âgées, voisine de la propriété. Comme tout propriétaire, il a requis que soit modifié le zonage où est située la propriété pour qu’il puisse procéder à la réalisation (sic) son projet. Comme on doit le faire pour toute demande, qu’elle soit individuelle ou corporative, une démarche d’analyse s’enclenche et un processus devant conduire à une modification ou non du zonage est alors initiée. Voilà où nous en sommes.» (…)
« Le propriétaire actuel du bâtiment concerné n’a pas demandé de permis de démolition et il en est présentement à l’étape des études préliminaires de son projet d’ensemble, lesquelles seront soumises au service d’urbanisme puis au CCU puis au Conseil de ville.»
Pourtant , dans un communiqué de presse émis par la Ville de Salaberry-de-Valleyfield le 21 juin dernier, il est mentionné que :
«Le conseil municipal de Salaberry-de-Valleyfield entérinait, à sa séance publique du 18 juin, une résolution acceptant les plans d’agrandissement de la résidence pour aînés Le Dufferin et, par voie de conséquence, la démolition des résidences sises au 98 et 100 de la rue Dufferin, dont les actionnaires du Dufferin ont fait l’acquisition.»
Voici la résolution du conseil municipal à cet effet :
«2013-06-353 RÉPONSE À LA DEMANDE POUR LA DÉMOLITION DES BÂTIMENTS SITUÉS AUX 98 ET 100, RUE DUFFERIN EN VERTU DU RÈGLEMENT 153 CONCERNANT LES PLANS D’IMPLANTATION ET D’INTÉGRATION ARCHITECTURALE
ATTENDU QUE les lots 3 248 016 et 3 248 019 du cadastre du Québec, circonscription foncière de Beauharnois, sont soumis aux prescriptions du Règlement 153 concernant les plans d’implantation et d’intégration architecturale;
VU la demande d’autorisation formulée par la Société en commandite Le Dufferin pour la démolition des deux bâtiments principaux sis aux 98 et 100, rue Dufferin ainsi que de tous les bâtiments accessoires de ces propriétés;
MALGRÉ la recommandation défavorable émise par le comité consultatif d’urbanisme;
Il est proposé par M. le conseiller Robert Savard, appuyé par M. le conseiller Normand Amesse, et résolu
QUE le conseil de la Ville de Salaberry-de-Valleyfield accepte la demande PIIA2013-0032 formulée pour les lots 3 248 016 et 3 248 019 du cadastre du Québec, circonscription foncière de Beauharnois, par la Société en commandite Le Dufferin, demande effectuée dans le cadre du Règlement 153 concernant les plans d’implantation et d’intégration architecturale, pour la démolition des deux bâtiments principaux sis aux 98 et 100, rue Dufferin ainsi que de tous les bâtiments accessoires de ces propriétés.
ADOPTÉ»
Malheureusement, plus ce dossier avance, plus il illustre la difficulté de nos élu(e)s à agir en toute transparence. Tout semble être fait pour semer la confusion et brouiller les cartes.
Dès le départ, il aurait pourtant été si facile de fournir aux citoyennes et citoyens toutes les informations relatives à ce projet immobilier, de les consulter et de les écouter, bref de les impliquer réellement dans le processus décisionnel au lieu de les mettre face à un fait accompli.
Par ailleurs, n’est-il pas trop tard pour demander une expertise patrimoniale à un spécialiste indépendant sur la valeur historique et physique du bâtiment pour guider le conseil municipal, alors que celui-ci a déjà donné son aval au projet ?
Joanne Bastien
Candidate indépendante
au poste conseillère municipale
District no 2 – Nitro