(Anne Minh-Thu Quach) – Lors de l’élection partielle dans la circonscription fédérale de Bourassa, j’ai eu l’occasion d’assister à un colloque par et pour les femmes, organisé par la néo-démocrate Stéphane Moraille, la seule femme parmi tous les candidats. Le constat était unanime, soit que malgré les nombreuses réalisations du dernier siècle, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre l’égalité entre les hommes et les femmes.
Le féminisme a été une source impressionnante de progrès social. Que l’on pense aux luttes pour le droit de vote, l’accès aux études supérieures ou le libre-choix : ces acquis n’auraient jamais été possibles sans la mobilisation de ces milliers de femmes militantes et engagées qui voulaient faire respecter leurs droits.
Mais malgré les années de progrès et l’adoption d’une loi rendant illégale la discrimination à l’égard des femmes en milieu de travail il y a 35 ans, l’intégration économique des femmes reste toujours un problème crucial au sein de notre société.
Selon Statistique Canada, les femmes âgées de 25 à 64 ans détiennent maintenant 54% de tous les diplômes universitaires et 60% des diplômes parmi les jeunes adultes. Malgré ces résultats positifs, plusieurs études ont démontré que les femmes sont toujours sous-représentées au sein des conseils d’administration dans les secteurs public et privé, et font encore face à des problèmes d’équité salariale (les femmes au Québec gagnent en moyenne 75% des salaires des hommes qui exercent le même emploi).
La parité salariale n’est toutefois qu’un des défis à relever. En fait, les femmes sont aussi davantage susceptibles de vivre dans la pauvreté. Dans cette perspective, les récentes réformes des conservateurs n’ont rien d’encourageant. En repoussant l’âge d’admissibilité à la Sécurité de vieillesse, le gouvernement de Stephen Harper contribue à appauvrir les femmes aînées, qui se retrouvent déjà parmi les personnes les plus pauvres au pays.
En tant qu’élue, je me considère privilégiée car j’ai la chance de côtoyer chaque jour des femmes fortes et déterminées, dont l’énergie et la passion contribuent au mieux-être de notre collectivité. Notre caucus compte d’ailleurs le plus haut pourcentage de femmes élues, à près de 40%.
Des femmes de la circonscription comme Eva Carissimi, la directrice générale de la CEZInc., qu’on considère comme une pionnière dans le monde des affaires et qui a été nommée une des femmes les plus puissantes au Canada. Je pense également à la présidente de la Chambre de commerce et d’industrie Beauharnois-Valleyfield, Geneviève Chevrier, qui, à l’âge de 23 ans, a mis sur pied sa propre entreprise et qui, en très peu de temps, est devenue une leader dans la communauté d’affaires de la circonscription.
Ou bien Sara Patenaude, cette agricultrice du Haut-Saint-Laurent qui a récemment été nommée Agricultrice de l’année et Agricultrice de passion par deux organismes différents pour son travail exceptionnel en tant que copropriétaire de la Ferme Alpagas des Hauts Vents de Havelock. Et que dire de Mireille Proulx, la coordonnatrice de la CSQ, qui m’a donné l’occasion de faire mes premières armes dans la défense des droits!
Les femmes prennent leur place non seulement dans le monde des affaires, mais elles sont très présentes sur la scène artistique aussi. Qui ne connaît pas Marie-Claire Blais, la grande écrivaine québécoise qui a reçue à travers les décennies une multitude de prix pour ses œuvres littéraires, ou Chantal Hébert cette journaliste bien versée qu’on lit à tous les jours. On peut également penser aux jeunes chanteuses-compositrices, Marie-Pierre Arthur et Feist, les nouvelles voix d’une génération de femmes plus jeunes.
Ces femmes sont de véritables modèles pour toutes les Québécoises. Elles n’ont pas peur de prendre leur place dans les débats et dans les lieux décisionnels. Toutes les femmes ont le droit d’exiger de réaliser leurs ambitions, d’être libres de leurs choix, de contribuer à l’évolution du pays, de vivre dans un environnement sans pauvreté, juste.
Les femmes méritent l’égalité et le respect
Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir pour que les femmes occupent toute la place qui leur revient dans les lieux d’influence et pour qu’elles obtiennent l’égalité des droits absolue.
Les néo-démocrates sont déterminés à lutter contre toutes les formes de discrimination et nous allons poursuivre notre lutte pour l’égalité des sexes, aujourd’hui et à l’avenir.
Vous savez, une fois élues, il n’est pas rare que les femmes soient maintenues en second plan et porte des dossiers traditionnellement féminins tels que l’éducation, la petite enfance, ou la santé. Au NPD, nous innovons en la matière.
Par exemple, notre députée Hélène Laverdière est porte-parole de l’opposition officielle en matière de développement international et d’affaires étrangères. Élaine Michaud, elle, est porte-parole adjointe en matière de défense nationale.
Nous croyons que les gouvernements ont un rôle à jouer pour favoriser l’équité, et ultimement, en faire une norme. Ce n’est pas un objectif inatteignable. Plusieurs pays, dont la Norvège et Cuba, surpassent le Canada dans le dossier de l’égalité des genres. Il n’y a pas de raisons pour lesquelles nous ne pouvons pas atteindre les mêmes résultats ici même.
Anne Minh-Thu Quach
Députée de Beauharnois-Salaberry à la Chambre des communes
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Vous pouvez lire ou relire les billets précédents d’Anne Quach :
- Réforme de l’assurance-emploi – patrons et travailleurs même combat (21 octobre 2013);
- Lire, agir et s’enrichir (24 septembre 2013);
- Je récupère, tu récupères, nous récupérons (26 août 2013);
- Profitons de la saison touristique… autrement (19 juillet 2013);
- Manger local, c’est cultiver l’économie d’ici (21 juin 2013);
- Combattre le cynisme par l’engagement (23 mai 2013);
- Sauvons nos fermes familiales (25 avril 2013);
- Politiciens et artistes : même combat (21 mars 2013);
- Assurance-emploi : le coût humain de la réforme (20 février 2013);
- Accident pétrolier : le Canada n’est pas prêt (11 février 2013);
- Science : la réalité tordue des conservateurs (18 janvier 2013);
- Un temps des fêtes plus écoresponsable? (20 décembre 2012);
- Changements climatiques : Double discours de Peter Kent (8 décembre 2012);
- Environnement – Il faut sauver les lacs expérimentaux (20 octobre 2012);
- Un garde-manger en danger (22 septembre 2012).
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Texte très pertinent. On ne répètera jamais assez ces considérations essentielles. Je tique toutefois sur certains exemples de « réussites » que vous citez. Le fait qu’une femme d’affaires soit devenue l’une des plus puissantes au Canada questionne une certaine tendance féministe pour qui la remise en question du patriarcat conduit à une remise en question des autres formes de domination, dont celles qui sont inhérentes à l’économie de type libérale pour ne pas dire capitaliste (ou productiviste). Sur un tout autre plan, par exemple, était-ce une grande victoire pour le féminisme qu’une femme devienne pilote de B-52 et puisse larguer une bombe atomique sur une ville et détruire des dizaines de milliers d’hommes de femmes et d’enfants… au même titre qu’un homme! Le pire pour l’avenir de l’humanité ne serait-il pas que les femmes fassent des hommes d’elles-mêmes?
Au plaisir de lire à nouveau un de vos textes qui ont le mérite d’élever le niveau des débats politiques.