(Anne Quach) – Bon automne, chères lectrices et chers lecteurs d’INFOSuroît! Pour mon billet, je compte mettre en lumière le mépris du gouvernement conservateur pour la science et élaborer sur les lacs expérimentaux du pays, dont les recherches sont cruciales pour la protection de l’environnement.
Le gouvernement de Stephen Harper vient de faire une nouvelle victime. Cette fois, la cible est le programme des Lacs expérimentaux, une initiative entamée dans le nord-ouest de l’Ontario il y a un demi-siècle et renommée à l’échelle mondiale pour l’excellence de son travail. Les conservateurs ont annoncé récemment qu’ils abolissaient le financement du programme, qui fermera donc ses portes en mars 2013.
Pourtant, les recherches menées dans les lacs expérimentaux sont cruciales pour la protection de l’environnement.
Au nombre de 58, ces lacs expérimentaux permettent d’étudier les réactions des écosystèmes aquatiques à la présence de différents contaminants. Ils permettent aussi d’établir des surveillances à long terme, puisque leur environnement est entièrement contrôlé par les chercheurs.
Prenons un exemple concret. Grâce à ce programme, le Canada est le seul pays au monde où les scientifiques étudient les impacts des nanoparticules d’argent (des agents antimicrobiens que l’on retrouve dans une foule de produits commerciaux) sur les lacs et écosystèmes marins. Il s’agit donc de recherches capitales qui permettent aux gouvernements de prendre des décisions éclairées, basées sur des faits.
Avec la fin des lacs expérimentaux, cette étude n’aboutira jamais et les décideurs publics resteront dans le noir.
Plusieurs autres recherches importantes seront en péril après la fermeture du programme. Des études sur les pluies acides, les phosphates et les algues bleues, notamment, devront être abandonnées. Comme on le sait, les algues bleues ont causé énormément de soucis au Québec il y a quelque temps… Les conservateurs ont-ils consulté les riverains aux prises avec ce problème avant de prendre une décision?
Le plus révoltant, c’est que le programme des lacs expérimentaux coûte moins de 2 millions $ annuellement au trésor public, salaires et budgets d’opération inclus. On parle donc ici d’économies marginales, presque symboliques.
Cette façon du gouvernement de sabrer les budgets d’une foule de ministères sans songer aux conséquences bien réelles me laisse perplexe.
Depuis ses débuts, le programme des lacs expérimentaux a été un véritable succès. Il a permis à plus de 80 chercheurs de travailler sur leur maîtrise ou leur doctorat. Le public en bénéficie également, puisque les données recueillies par les chercheurs sont très souvent publiques et que les conclusions des études permettent d’élaborer des politiques publiques cohérentes. Que feront les spécialistes maintenant que leur principal équipement de recherche sera aboli? Devront-ils aller travailler pour des entreprises privées, empêchant ainsi le gouvernement de conserver leur précieuse expertise?
Heureusement, de nombreux experts et citoyens ont pris les choses en main et ont mis sur pied le site Internet SAVE ELA (Experimental Lakes Area) – La coalition pour « Sauvez ELA » pour faire entendre leur opposition. En expliquant clairement notre position aux conservateurs, ils ne pourront plus agir à leur guise et prendre de mauvaises décisions basées sur le mépris et l’ignorance. Ensemble, nous pouvons les ramener sur Terre.
Anne Minh-Thu Quach
Députée de Beauharnois-Salaberry à la Chambre des communes,
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Vous pouvez lire ou relire les chroniques précédentes d’Anne Quach :
- Un garde-manger en danger (22 septembre 2012)
- Maison écolo à Sainte-Martine et développement énergétique (24 août 2012);
- Nos parcs nationaux en péril (17 juillet 2012);
- Anne Quach en direct de Rio+20, la conférence des Nations Unies (22 juin 2012);
- C-38, environnement et générations futures (24 mai 2012);
- 10 mois déjà ! (19 mars 2012).