Faisons comme les camions, évitons le péage de l’A30

(Jean-Pierre Major) – C’est le 1er février qu’est entrée en vigueur une autre augmentation du péage de l’autoroute 30 à Les Cèdres. Augmentation de 60% en deux ans et les gestionnaires de A30 Express expliquent que c’est à cause du grand succès d’achalandage qu’ils ont décidé d’augmenter à nouveau ! Belle façon de nous remercier.

Pour les automobilistes, le coût d’un seul passage est désormais de 2,40 $. Il était à 2 $ au cours des derniers mois et à 1, 50$ l’année d’ouverture du lien de contournement de Montréal par la Rive-Sud. Si vous avez un support à ski, à bagages ou des vélos sur le toit, il y a même une surcharge. Même les personnes handicapées qui trainent derrière leur voiture une petite remorque à deux rues avec un quadriporteur ont droit à des frais supplémentaires.

Pour les camions, le nouveau tarif pour un passage est de 1,85 $ par essieu. Il était à 1,50 $ auparavant et 1,10 $ pour l’an 1 de l’A30. Avec 7 essieux, le coût par passage est très important.

Depuis la première hausse en février 2014, unanimement les utilisateurs (automobilistes et camionneurs), les élus de la région, les associations de camionneurs et les compagnies de transport ont décrié l’augmentation.

Les gens de Salaberry-de-Valleyfield ont une raison de plus de se plaindre : plusieurs camionneurs en provenance (ou en direction) de l’Ontario (via l’A20) optent pour le pont et le boulevard Mgr-Langlois pour rallier l’autoroute 30. Ils évitent ainsi le péage à Les Cèdres et la pesée routière en bordure l’A20 dans le même secteur.

Résultats : La chaussée du boulevard Mgr Langlois se dégrade à un rythme effréné. À certaines heures, les camions sont rois et maîtres à un point tel que les gens de la région évitent le secteur et les nombreux commerces qui s’y trouvent.

Pas la faute aux camionneurs

Plusieurs citoyens de la région et automobilistes pestent contre les camionneurs sur Mgr-Langlois. Ce n’est pas eux le problème. Ils ont été intelligents du point de vue économique. Ils évitent le péage et contournent quand même Montréal par la Rive-Sud. Aujourd’hui, je me dis que nous devons faire comme eux, montrons au gouvernement et surtout aux responsables de l’A30 Express, que l’on est capable (dans la mesure du possible) d’éviter le péage.

Ce sont les gestionnaires de l’autoroute 30 et du ministère des Transports du Québec (MTQ) qui sont responsables de la problématique.

Les dirigeants d’A30 Express clament que leur contrat en Partenariat-Public-Privé (PPP) leur permet d’augmenter les tarifs et que le MTQ (ou le gouvernement du Québec) ne peut rien faire. Bravo ! Ces mêmes dirigeants se foutent des impacts négatifs sur la région. A30 Express est un véritablement un mauvais citoyen corporatif.

Des solutions 

Un bon citoyen corporatif aurait proposé des solutions comme l’installation d’un deuxième poste de péage sur la 30 dans le secteur de Beauharnois ou Châteauguay avec baisse du passage à 0.75 $ (1.50 $) pour les deux postes de péage au total.

Cette solution, même si elle entraine des coûts de construction d’un poste de péage, aurait l’avantage de rejoindre tous les utilisateurs de l’A30, même les camionneurs qui évitent actuellement le péage en passant par Valleyfield.

Il est facile de comprendre que tous paieront et même si le coût total des deux postes de péage est moindre qu’actuellement, il est logique de penser que les revenus seront en hausse parce que tous les camionneurs et automobilistes sans exception contribueront.

Un passage au péage plus aisé

Aussi, en matière de péage sur les autoroutes, A30 Express devrait prendre exemple sur la Floride. Le Sawgrass Expressway a augmenté en trois ans certains tarifs de 0,75 $ à 0,78 $. Ce n’est pas tout, aux différents postes de péage, il n’y a plus de guérites, donc pas de folie d’une autre époque avec des guérites spécifiques pour utilisateurs de cartes de crédit, pour obtenir du change (avec caissier) et pour transpondeurs. Les utilisateurs de l’autoroute n’arrêtent pas au poste de péage. Une caméra capte les plaques d’immatriculation de véhicules et la facture est envoyée par la poste. En plus, les gens qui utilisent le principe de transpondeur ont des rabais.  Vraiment efficace !

Un mauvais PPP… et de la mauvaise volonté ?

Lorsque l’on apprend que le MTQ ne peut rien faire sur la tarification de l’A30, il devient évident que ce Partenariat-Public-Privé (PPP) du gouvernement libéral a été mal préparé.

Encore une fois personne n’est imputable. Nous les citoyens, contribuables devons payer et nous la fermer.

Comment se fait-il que le gouvernement libéral actuel de Philippe Couillard soit capable de passer des lois pour modifier des ententes signées en santé, éducation, régimes de retraite et autres et est incapable de rouvrir son contrat en PPP avec A30 Express ?

Alors que Québec a annoncé depuis l’automne dernier différentes mesures d’austérité afin de peut-être un jour arriver à l’équilibre budgétaire, l’on se fait passer des augmentations de coût pour l’entretien du boulevard Mgr-Langlois entre l’A20 et l’A30, des coûts additionnels pour la présence de contrôleurs routiers sur Mgr-Langlois, d’autres pour la SQ, pour une signalisation accrue à l’intention des camionneurs, etc. Tout cela sans compter que le détour des camions par Mgr-Langlois prive Québec de revenus à la pesée des Cèdres et que le fort achalandage de poids lourds sur le boulevard Mgr-Langlois a un impact négatif sur l’économie de la région de Salaberry-de-Valleyfield.

Devant la grogne populaire, le ministère des Transports du Québec (MTQ) a annoncé qu’il va préparer une étude (encore des dépenses et des délais).

Les médias locaux, régionaux, et même nationaux traitent et ont traité des conséquences négatives entourant l’augmentation des tarifs du péage de l’autoroute 30. Peu importe qui est aux commandes du gouvernement, Québec ne fait rien. Les députés libéraux de la région demeurent aussi silencieux.

Robert Poëti, ministre des Transports actuel et ses prédécesseurs n’ont rien fait de concluant dans ce dossier. Jour après jour, l’inaction de Québec ajoute aux répercussions. Déjà l’Association du camionnage du Québec évoque la possibilité que certains transporteurs choisissent de transiter de nouveau par Montréal pour rejoindre la Rive-Sud afin d’éviter le péage de l’A30 et les contraintes sur le boulevard Mgr-Langlois à Valleyfield.

Après la bataille de près de 40 ans pour l’obtention de l’autoroute 30, il faudrait que les gens de la région se mobilisent de nouveau afin de trouver rapidement des solutions à la hausse prohibitive des coûts du péage et la présence sur Mgr-Langlois d’un nombre beaucoup trop élevé de camions.

Sur le même sujet, vous pouvez lire ou relire :

• Des camionneurs fuient l’autoroute 30 – La congestion sur le boulevard Mgr-Langlois dérange les commerçants (Journal de Montréal – 1er février 2015);
• Les tarifs du péage de l’autoroute 30 inquiètent (Radio-Canada – 26 janvier 2015);
• Contourner pour ne pas payer (Le Devoir – 26 janvier 2015);
• Hausse des tarifs du péage de l’autoroute 30 : le MTQ estime avoir les mains liées (Huffington Post – 14 janvier 2015);
• Autoroute 30 – Nouvelle hausse des tarifs au poste de péage (INFOSuroit.com – 2 janvier 2015);
• Le contrecoup du péage se fait sentir à Valleyfield (La Presse – 20 septembre 2014).

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