(Marie-Ève Rochefort) – C’est hier soir (20 février) qu’était présenté le documentaire américain FOOD INC. au cinéma 7 de Valleyfield en présence de la députée néo-démocrate Anne Minh-Thu Quach et d’acteurs de la communauté agricole. Frédéric Paré, coordonnateur à la Coalition pour la souveraineté alimentaire et Maurice Lando, président du Syndicat des producteurs maraîchers, étaient aussi sur place, à titre de conférenciers.
Personnellement, après avoir visionné ce film-choc de Robert Kenner, je doute qu’une personne puisse avoir la même vision de l’industrie alimentaire à grande échelle. Un ami m’a posé la question suivante « Est-ce que le documentaire donne envie de devenir végétarien » ? Je dirais plutôt que ce film m’a donné envie de prioriser les producteurs locaux plutôt que l’industrie à grande échelle.
En fait, ce qu’il faut comprendre, c’est que ce documentaire traite de l’industrie alimentaire aux États-Unis. Les acteurs du milieu agricole présents sur place lors de la représentation à Salaberry-de-Valleyfield de FOOD INC. ont pu commenter et comparer la situation de nos voisins avec la nôtre. Le bilan est que le Canada est mieux légiféré et mieux encadré au niveau alimentaire, mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’inquiéter.
Le documentaire réalisé en 2008 par Robert Kenner n’a pas remporté deux Emmy Awards et une nomination en 2010 pour l’Oscar du Documentaire de l’année pour rien. Le travail journalistique effectué permet à la population de vraiment savoir ce que cache l’industrie agroalimentaire à la population tout simplement parce qu’elle en perdrait l’appétit.
Pour l’industrie à grande échelle aux États-Unis, le principe est simple : produire tout plus vite afin de faire un maximum de profit, au détriment de la qualité. En résultent donc des problématiques telles que la collusion, des scandales sanitaires, des conditions d’élevage et d’abattage du bétail désastreuses…
Prenons par exemple les poulets qui sont anormalement engraissés en 49 jours plutôt qu’en 3 mois. Les bêtes sont tellement lourdes qu’elles n’arrivent même pas à supporter leur propre poids! On peut aussi penser aux vaches qui sont nourries au maïs alors qu’elles devraient s’alimenter de gazon, ce qui a pour effet d’accentuer le risque de contracter la bactérie E. Coli.
Le monopole des grandes entreprises est aussi mis en lumière, ce qui a pour effet de tuer à petit feu les agriculteurs qui fonctionnent à la bonne franquette et qui, pourtant, nous offrent encore une qualité alimentaire. Un des intervenants du documentaire va même jusqu’à comparer le système judiciaire des États-Unis à une grande balance où celui qui mettra le plus d’argent pourra remporter sa cause…
Un peu d’espoir
Rassurez-vous, même si FOOD INC. a pour effet de décourager quelque peu, il termine sur une note positive et donne des pistes de solution. L’une d’elles propose qu’Acheter, c’est voter. C’est donc un moyen de dire que chaque humain peut changer les choses en faisant les bons choix au super marché. Le problème avec cette piste de solution est que ce n’est pas tout le monde qui a les moyens financiers de bien manger. Comme le relate le documentaire, une bouteille de boisson gazeuse coûte moins cher qu’un pied de brocoli!
François Paré, un des deux conférenciers invités par la députée Anne Quach, a mentionné que le travail à faire ne repose pas uniquement sur les épaules des citoyens, mais aussi sur celles du gouvernement.
Un producteur laitier présent lors du visionnement a aussi pris la parole en laissant savoir qu’il faut avoir confiance aux produits sur le marché, puisque l’industrie alimentaire au Canada est loin de ressembler à celle des États-Unis. Celui-ci a aussi mentionné que la gestion de l’offre permettait à la population de s’alimenter de produits de chez nous. Rappelons que ce système est le mécanisme par lequel les producteurs du Québec et du Canada ajustent leur production afin de répondre aux besoins des consommateurs d’ici, plutôt que de compter sur des subventions gouvernementales.
Bref, Anne Quach voulait sensibiliser la population avec la diffusion de FOOD INC. Mission accomplie pour ma part.
Pour ceux qui écouteront le documentaire (je le recommande) et qui chercheront les meilleurs moyens de s’alimenter, pensez aux producteurs locaux et régionaux souvent présents dans les différents marchés publics de la région en saison estivale. Il y a aussi le Marché Fermier du Comté d’Huntingdon qui, avec ses marchés d’hiver, rassemble des producteurs et des artisans locaux.
La Coopérative Marché Gourmet offre également une panoplie de produits d’ici et est facilement accessible avec ses nombreux points de livraison dans Vaudreuil-Soulanges et à Salaberry-de-Valleyfield.
J’ai vu le film et je le recommande.Tout le monde devrait l’écouter.