(Guy Leclair) – Vous avez été nombreux à me parler de mon dernier billet dans lequel je citais plusieurs Québécois issus de minorités ethniques ou religieuses se disant en faveur de la Charte des valeurs québécoises proposée par le gouvernement. Plusieurs d’entre vous m’ont avoué avoir trouvé rafraichissant ce discours qui ne pousse pas à la diabolisation et à la culpabilisation des Québécois en faveur de balises claires quant à la place de la religion dans la société.
Au moment où le ministre Bernard Drainville s’apprête à déposer un projet de loi en bonne et due forme, je me propose donc de répéter l’expérience, cette fois en faisant découvrir certains des meilleurs textes ayant été publiés sur le sujet depuis le début du débat :
Lettre à ma fille, Carole Beaulieu, L’Actualité, 30 septembre 2013 :
-« La Constitution de ton pays protège leur liberté de conscience et de croyances. C’est bien. Elle protège aussi ton droit d’avoir avec elles un désaccord politique sans être traitée de raciste ou de xénophobe (…) Que l’État choisisse ou non de contraindre leur expression, souviens-toi que les symboles ont un sens. Et que la liberté de sentir le vent dans tes cheveux est une liberté que tu as raison de chérir ».
De signe de piastres, d’humour et d’oubli, Josée Blanchette, Le Devoir, 27 septembre 2013 :
-« Si je suis contente de la Charte ? Très. Surtout à cause du mot « valeurs ». Ce n’est pas un vain mot ; c’est un projet philosophique. Le sens primitif vient de vaillance, courage. Et ça en prend pour mettre nos valeurs à jour même si ce n’est jamais le bon moment, comme de passer chez l’optométriste pour évaluer sa myopie. Et tant qu’à être dans les sens premiers, hidjab, selon mon Dictionnaire des symboles, veut dire « ce qui sépare deux choses » en arabe, les damnés et les élus, les mécréants et les croyants, mais aussi l’intime de l’extime. Voilà peut-être ce qui dérange. Au Québec, la séparation ne passe pas la rampe ».
La laïcité, enfin !, Michèle Sirois, Le Devoir, 11 septembre 2013 :
-« L’affichage des signes religieux ostensibles exprimant des convictions religieuses est un message non verbal très puissant. Si ces signes ont une signification quand ils sont portés par des juges, des policiers, pourquoi la perdraient-ils lorsqu’ils sont portés par des enseignants, des éducatrices de CPE ou tout autre fonctionnaire ? »
Pourquoi tant de hargne ?, Christian Rioux, Le Devoir, 6 septembre 2013 :
-« Ceux qui jugent ce débat illégitime et qui s’inquiètent surtout de ce que pensera le New York Times se trompent. Le Québec est loin d’être seul à croire que l’harmonie entre les religions (et les non-religions) exige un renforcement de la laïcité de l’État (…) S’il faut en croire ce qui s’écrit dans la presse québécoise ces jours-ci, Québécois, Belges, Français et Allemands seraient donc rongés par la xénophobie, pour ne pas dire le racisme. Un mal contre lequel seul le monde anglo-américain serait miraculeusement immunisé. Au lieu de lancer des anathèmes, reconnaissons que les peuples n’ont pas tous la même conception de la vie en société. Certains sont plus attachés au vivre-ensemble, ce qui peut exiger une plus grande réserve de chacun dans l’expression de ses convictions religieuses, surtout s’il représente l’État ».
Julie Miville-Dechêne, Gérard Bouchard et moi, Stéphane Gobeil, L’Actualité, 24 septembre 2013 :
-« On entend les bien-pensants d’un «Québec inclusif» nous dire que la Charte vise les femmes voilées et donc la communauté musulmane. Affirmer cela, c’est faire violence à toutes ces femmes qui ont justement fui l’intégrisme religieux et le voile pour nous rejoindre et devenir Québécoises. Québécoises, point!
Réduire les Québécois de culture ou de religion musulmane à ces intégristes qui prônent la charia au Québec, c’est grotesque. Laisser croire que parce qu’on vient d’une culture musulmane, on est nécessairement religieux, c’est réducteur.
Ces Québécois qui ne pratiquent pas la religion musulmane, ces femmes qui ne portent pas le voile, ces Québécois qui souhaitent la laïcité de l’État, comment en est-on arrivé à les exclure au nom de «l’inclusion?»
Charte des valeurs québécoises : un outil majeur pour l’intégration des immigrants, Tania Longpré, Le Globe, 12 septembre 2013 :
-« Les gestes que tentera ainsi de poser le gouvernement du PQ feront en sorte que ces prémisses existent ailleurs qu’à l’écrit et rendent concrètes ces deux valeurs qui ne sont pas que Québécoises, mais aussi Occidentales à nos immigrants. Cela, dans l’objectif ultime d’une cohésion sociale et d’un vivre ensemble. En effet, les accommodements raisonnables divisent les populations, créent plusieurs classes de citoyens, encouragent la ghettoïsation et nuisent à l’intégration des nouveaux arrivants. Ne nous leurrons pas : le modèle multiculturaliste a échoué partout là où on a tenté de l’instaurer pour favoriser l’intégration des immigrants. Les résultantes du multiculturalisme sont donc exactement le contraire de ce que ceux qui y croient voudraient qu’elles soient, soit l’isolement et la ghettoïsation ».
Guy Leclair,
Député de Beauharnois
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Vous pouvez lire ou relire les billets précédents de Guy Leclair :
- Des Québécois de toutes les origines en faveur de la charte (17 septembre 2013);
- Lettre à mon ami angoissé fiscal (10 juillet 2013);
- Un bilan impressionnant (7 mai 2013);
- Le budget fédéral : une attaque contre le Québec (27 mars 2013);
- Six mois qui transforment une nation (21 février 2013);
- Le Québec se remet en marche (10 janvier 2013);
- La Loi 78, de l’huile sur le feu (25 mai 2012);
- Premier mai et solidarité (3 mai 2012);
- So What ! (19 avril 2012);
- Une nouvelle culture politique (14 mars 2012);
- Le vrai changement (22 février 2012);
- La coalition pour l’avenir de François Legault (17 novembre 2011);
- Le Canada qu’on nous impose (26 octobre 2011);
- Le temps du mépris (12 septembre 2011);
- Un Québec vert, dans un Canada brun* (12 août 2011).
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