(Jean-Pierre Major) – L’intimidation à l’école est chose malheureusement courante depuis des lunes. La prévention pour les parents passe par la vigilance et une bonne communication avec nos enfants. Pour les enseignants et responsables d’écoles, la préoccupation est quotidienne et des mesures existent.
Dans notre société, rien n’est parfait, les cas de rage au volant se multiplient, le nombre de personnes utilisant des antidépresseurs est constamment en hausse, le stress est partout et il est facile de blâmer les écoles et commissions scolaires pour une situation d’intimidation impliquant des jeunes. Mais nous sommes tous responsables, médias inclus.
Dans la grande région du Suroît ces temps-ci, des parents ont souligné des cas d’intimidation aux écoles secondaires Arthur-Pigeon et de la Baie-Saint-Fançois à Huntingdon et Salaberry-de-Valleyfield. Je peux vous assurer qu’il n’y a pas que ces endroits, même le privé est frappé par le phénomène.
Aujourd’hui, la publicité et les médias nous en mettent plein la vue. Des gars et filles « sexy » c’est cela que l’on veut voir. Au lieu des émissions comme Génies en herbe par exemple, les grands penseurs de la programmation nous poussent des Occupation double et autres téléréalités basées uniquement sur des beaux gars et des belles filles ! Dans nos maisons, on ne discute plus, le Xbox et les iPhone sont rois ! Est-ce la faute des commissions scolaires ou des directeurs d’école ? Est-ce que les jeux avec lesquels nos enfants s’amusent sur Xbox contiennent de la violence ? Dans plusieurs cas la réponse est oui.
Nous avons tous des devoirs à faire pour changer les choses.
-La Commission scolaire Vallée-des-Tisserands a mis en place une politique en 2008 avant l’intervention du gouvernement-
Des intervenants de la Commission scolaire Vallée-des-Tisserands qui touchent plusieurs écoles des MRC de Beauharnois-Salaberry et du Haut-Saint-Laurent ont mis beaucoup d’efforts afin d’adopter en 2008 sa Politique pour prévenir et contrer la violence en milieu scolaire, et ce, avant même le lancement du plan d’action ministériel du gouvernement du Québec !
Cette politique exprime clairement le souci de la commission scolaire d’offrir un milieu de vie pacifique et sécuritaire dans tous ses établissements.
D’ailleurs la presque totalité des établissements a inclus à leur projet éducatif un objectif spécifique lié à la prévention contre la violence. Cela n’empêche pas les manifestations de violence et d’intimidation, mais cela permet de prévenir, d’encadrer le tout et d’enclencher aux besoins un processus d’intervention.
Mme Emmanuelle Dubuc, psychoéducatrice au primaire explique « qu’il est nécessaire de bien distinguer les différents concepts qui peuvent s’entrecroiser. Il faut distinguer le conflit, l’acte de violence et l’intimidation. Ce qui caractérise plus particulièrement l’intimidation est son caractère répétitif et la notion de pouvoir qui s’installent entre l’intimidateur et la victime. Donc, les façons dont les conflits, la violence et l’intimidation seront gérés et résolus sont, bien entendu, elles aussi différentes. Les équipes-écoles doivent poser au quotidien, plusieurs interventions, tant pour intervenir que pour prévenir ».
Chacun des établissements travaille dans le sens d’une stratégie locale d’intervention qui prend en compte, notamment le portrait de situation de la présence de la violence à l’école, une prise de position claire sur la violence dans leur milieu, les stratégies efficaces en vue d’agir tôt, les services de soutien aux élèves suspendus ou expulsés et la mise à jour des plans de mesures d’urgence. La stratégie tient compte aussi du code de vie de l’établissement, de ses mesures de sécurité, de son plan de réussite et d’un protocole d’intervention appliqué en cas de manifestation. La grande majorité des établissements a déjà mis en place sa stratégie locale.
Outre, les services professionnels comme la psychoéducation, les établissements de la Commission scolaire Vallée-des-Tisserands peuvent notamment s’adjoindre les intervenants externes des milieux communautaires et des Centres de santé et services sociaux (CSSS) et même des policiers qui ont d’ailleurs l’habitude de collaborer étroitement avec le milieu scolaire. En tant que parent dont un enfant est victime de violence ou d’intimidation, il est facile de tout faire passer sur le dos de l’école. La réalité est que l’intimidation est un phénomène de société.
Je ne suis pas un spécialiste de la question. J’ai 53 ans et je me rappelle bien qu’à l’école les jeunes « différents » se faisaient régulièrement niaiser. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux cela va plus vite 🙁 Sortir un enfant de l’école et lui faire l’école à la maison n’est pas la solution. Il sera encore plus isolé. Je ne crois pas qu’en sortant un jeune hors de l’école qu’il soit l’agressé ou l’agresseur va régler le problème. Il faut que tous les intervenants collaborent, parents premièrement, école ensuite, commissions scolaires et intervenants sociaux communautaires.
Il ne faut pas se leurrer et la Commission scolaire Vallée-des-Tisserands est bien consciente des problèmes. Cependant, elle a besoin de l’aide de tous et surtout de la collaboration des parents (les deux idéalement) afin d’identifier rapidement une situation problématique et prendre toutes les mesures pour que cela cesse définitivement.
À l’école secondaire de la Baie-Saint-François et à l’école secondaires des Patriotes-de-Beauharnois, il y a des mesures concrètes depuis longtemps. Le comédien Jasmin Roy est même venu donner des conférences gratuites sur l’intimidation en 2011 et 2012.
« Au sein de l’école de la Baie-Saint-François, plusieurs interventions sont conduites quotidiennement pour prévenir et contrer l’intimidation. Les enseignants sont à l’affût des commentaires ou propos dénigrants et n’hésitent pas à intervenir. Une équipe d’intervenantes est sur place pour répondre aux besoins des élèves. Les jeunes ont un accès rapide aux services. Nous encourageons fortement les élèves à venir nous rencontrer pour parler de leurs problèmes et dénoncer les situations. Que ce soit à titre de victimes ou de témoins, il est primordial de parler pour que nous soyons en mesure d’intervenir et de les aider », explique Nathalie Groulx, psychoéducatrice à l’école de la Baie-Saint-François.
« Selon la problématique soulevée et le contexte, des rencontres individuelles ou des ateliers de groupe peuvent être tenus autant avec l’intimidateur, la victime qu’avec les témoins. Nous outillons les victimes à développer différentes habiletés comme l’affirmation de soi alors que nous amenons l’intimidateur à prendre conscience de ses comportements inappropriés et de l’impact de ceux-ci auprès des autres. Tous les intervenants de l’école travaillent ensemble en étroite collaboration. Il est aussi important de s’assurer la collaboration des parents », poursuit Mme Groulx.
Pour monter à quel point le phénomène est un problème de société et non une problématique locale liée uniquement à une ou des écoles en particulier, une Loi visant à prévenir et à combattre l’intimidation et la violence à l’école est entrée en vigueur au Québec en juin 2012. La nouvelle loi propose des mesures fort intéressantes au chapitre de la prévention et de la lutte à la violence et l’intimidation. Les intervenants de la commission scolaire travaillent à intégrer le tout à leur politique d’intervention déjà en place depuis 2008.
« La promotion de milieux de vie sains et sécuritaires, et en cela la lutte contre l’intimidation, est une oeuvre continue qui commande qu’on mette toutes et tous l’épaule à la roue. Tous les intervenants du milieu scolaire sont mobilisés en ce sens et y travaillent quotidiennement », a mentionné récemment Carole Houle, directrice générale de la commission scolaire.
On ne se mettra pas la tête dans le sable, l’intimidation est bien réelle, mais elle n’est pas propre à une école, une commission scolaire. L’intimidation est aussi présente dans nos maisons, dans nos parcs et nos lieux de travail. Il faut travailler ensemble à améliorer la situation. Soyons vigilants et prévoyants.