Émile Duhamel, responsable de la Pastorale sociale au Diocèse de Valleyfield, est de plusieurs luttes sociales dans la région de la Vallée-du-Haut-Saint-Laurent. Il est toujours préoccupé par les inégalités comme l’écart entre riches et pauvres. En 2010, M. Duhamel avait parlé de l’illusion de la gratuité scolaire. Deux ans plus tard, le nombre de famille qui s’endettent pour l’éducation est en hausse :
(Émile Duhamel) – Encore cette année, le Fonds Napoléon-Leduc du Diocèse de Valleyfield a supporté plusieurs familles pour la rentrée scolaire. Depuis huit ans déjà, ce fonds cible les familles qui s’endettent à cause des coûts refilés aux parents lors de la rentrée. Récemment j’ai remis un chèque du Fonds Napoléon-Leduc à Patrick Beaudoin de la Maison de la jeunesse 12-17 de Valleyfield qui est fiduciaire de cet argent pour un Comité de réussite scolaire de la région.
Les familles déjà appauvries sont confrontées à la facture du matériel scolaire, s’ajoutant à celles de l’électricité (Hydro Québec n’hésite pas à débrancher les mauvais payeurs à l’automne), du chauffage, des vêtements et j’en passe. Ces familles ne peuvent rencontrer cette facture supplémentaire et s’endettent face à l’école. Plusieurs directions d’école sont compréhensives, mais d’autres n’hésitent pas à refuser les enfants de ces familles à des activités parascolaires et même une certaine commission scolaire envoie ultimement un huissier!
La gratuité scolaire est une illusion. Sur l’ensemble du territoire du Diocèse de Valleyfield, des organismes d’entraide sont obligés de faire des collectes d’effets scolaires et ramasser des fonds au même titre que les guignolées alimentaires. Par exemple, le Spaghetti organisé par l’organisme Une Affaire de famille le 16 novembre dernier avait pour but de défrayer les effets scolaires. Une situation inacceptable dans un contexte où l’on dépense plusieurs millions contre le décrochage scolaire et dans lequel on s’ingénie à trouver des moyens pour intéresser les enfants à l’école.
L’endettement des familles ne favorise certainement pas la persévérance scolaire. Quelle cohérence de notre système éducatif!
La marginalisation des appauvris est systémique dans nos institutions. Nous avons un beau discours d’inclusion et d’autre part nous marginalisons les plus vulnérables financièrement. Tout cela se fait sous le couvert d’une saine administration.
Le Fonds Napoléon-Leduc s’épuise rapidement et l’endettement des familles s’accentue. Tous les besoins de base des personnes (alimentation, logement et l’éducation) sont relayés au domaine de la charité. Nous avons de drôle de choix de société…
NDLR : Pour ceux et celles qui voudraient lutter contre la pauvreté et participer au Fonds Napoléon-Leduc, vous pouvez faire votre chèque au nom du Diocèse de Valleyfield en spécifiant le but de votre don.
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INFOSuroit.com vous invite à lire ou relire des billets précédents d’Émile Duhamel :
- Pauvreté, Guignolée, Dignité (17 décembre 2011);
- Journées sociales – La cause de la Terre est aussi celle des pauvres (5 juin 2011);
- Camp Bosco – Une question de solidarité (16 février 2011).