(Jean-Pierre Major) – La gestion des territoires municipaux est bafouée et la mairesse de la Ville de Châteauguay Nathalie Simon en a assez. Sous prétexte de juridiction fédérale ou provinciale datant d’une autre époque, des entreprises minières, et dans ce cas-ci de télécommunications, s’installent sans tenir compte des collectivités et des plans de développement durable des municipalités.
La mairesse de Châteauguay a fait une sortie en règle cet après-midi contre Rogers et particulièrement contre Public Mobile. Cette dernière entreprise a installé jusqu’à maintenant quatre tours de télécommunications d’une douzaine de mètres et prévoit en installer une cinquième d’une hauteur d’environ trente mètres sur le territoire de la ville. C’en est trop, pour Châteauguay. Les citoyens eux doivent demander des permis pour un simple cabanon ou un abri temporaire, la Ville de Châteauguay a décidé de passer à l’action. Dès ce soir, le conseil municipal de Châteauguay entend adopter un règlement pour un révision de la taxation foncière de tout commerce ou résident qui accepteraient, sans l’accord de la municipalité, une tour de télécommunications sur son terrain.
L’approche cavalière des Public Mobile de ce monde doit cesser. Si cette entreprise pense que les plans de développement durable des municipalités c’est de la frime, Public Mobile a intérêt à surveiller ce que fera Châteauguay ce soir. Outre l’adoption d’une taxation pour l’installation d’antenne de télécommunications sur son territoire, la Ville de Châteauguay compte aussi adopter des dispositions réglementaires relatives aux antennes de radiocommunications et de radiodiffusions, télévision et Wi-Fi.
La municipalité de la MRC de Roussillon n’est pas contre la téléphonie cellulaire ou Internet. Elle est contre des pratiques commerciales douteuses, qui vont à l’encontre du bien collectif et risque de pénaliser les plans de développement durable et de gestion du territoire.
Nathalie Simon, a même décidé d’en faire son cheval de bataille. « Il faut que ça cesse. Ça n’a aucun sens qu’une entreprise puisse impunément s’installer où elle le veut, quand elle le veut sur le territoire d’une ville sans que celle-ci n’ait un mot à dire. On ne peut plus tolérer ces pieds de nez corporatifs qui sont faits de plus en plus systématiquement aux citoyens et aux collectivités municipales. C’est la raison pour laquelle, dès ce soir, lors de la séance du conseil municipal, nous allons adopter une série de résolutions qui vont aller en ce sens », a souligné la mairesse.
Comme l’ensemble des municipalités du Québec ont pu le constater dans l’histoire récente des gaz de schiste ou de certaines implantations maladroites d’éoliennes, Nathalie Simon a poursuivi en affirmant que ce genre de situation place trop souvent les décideurs municipaux devant des faits accomplis.
« Le développement du territoire municipal et la desserte de services aux citoyens doivent se faire en partenariat. Il est révolu le temps où n’importe qui pouvait faire ce qu’il voulait sans tenir compte des citoyens et de la collectivité. La façon « Far West » c’est au cinéma que ça doit rester, a mentionné la mairesse Simon. Ce n’est pas parce qu’une entreprise est dans le domaine des télécommunications qu’elle possède tous les droits. Cela doit changer. »
À cet égard, la mairesse Simon interpelle le ministre des Affaires municipales, des régions et de l’occupation du territoire du Québec, Laurent Lessard, afin qu’il réclame de son homologue fédéral des mesures plus efficaces afin de s’assurer que les municipalités du Québec soient véritablement impliquées dès le début dans le processus décisionnel de l’implantation de tours de télécommunications sur leur territoire.
À ce sujet, signalons que Sylvain Chicoine, le député fédéral de Châteauguay-Saint-Constant, a décidé lui aussi de surveiller de près ce dossier et s’impliquer à la Chambre des communes à Ottawa. Il faut dire que Public Mobile justifie ses actions en disant que ses opérations respectent la réglementation fédérale et que rien ne l’oblige en tenir compte des municipalités ou même des provinces dans ce dossier.
La Ville de Châteauguay a aussi informé ses partenaires de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et de la Fédération québécoise des municipalités (FQM) de ses démarches. Un beau dossier pour l’avenir des municipalités.
Il appert que Public Mobile se présentera à la rencontre du Conseil municipal de Châteauguay ce soir. Pendant des semaines l’entreprise a toujours mentionné qu’elle n’avait de comptes à rendre qu’à Industrie Canada.
L’histoire est à suivre, mais entretemps saluons la démarche de la Ville de Châteauguay.
Sur le même sujet, vous pouvez lire ou relire l’article du 13 novembre dernier Public Mobile se fout des citoyens et des municipalités.
Je suis du même avis que Gilles Presseault et j’appuie son témoignage.
Deux bravos. Le premier à la Mairesse Simon et le conseil de ville de Châteauguay pour avoir levé le ton devant cette approche «Far West», comme le rapporte l’article. Aussi, j’appuie la volonté du conseil de vouloir travailler en «partenariat». Bien entendu, cela doit fonctionner dans les deux sens. Il est à espérer que l’entreprise Public Mobile comprendra où résident ses intérêts à long terme. Mon deuxième bravo s’adresse au journaliste Jean-Pierre Major pour son talent à présenter avec brio, à la fois de façon globale et spécifique, les dossiers d’actualité qu’il aborde. De plus, son ton n’est pas à la recherche de l’effet «sensationnel».