(Jade Poirier) Les carrés rouges ont été nombreux à se déplacer au Collège de Valleyfield ce matin pour bloquer l’accès aux différentes portes de l’établissement ainsi qu’au stationnement des étudiants, face à la Cité des Arts et des Sports, alors que la direction annonçait récemment la reprise des cours aujourd’hui, et ce malgré un vote de reconduction de grève jusqu’au 16 avril.
Tôt ce matin, on lisait sur le site Internet de l’établissement que les cours étaient suspendus en cette première journée de retour en classe… Ce qui n’a qu’encouragé les grévistes à aller se positionner face à toutes les entrées possible afin de s’assurer qu’il n’y aurait pas d’étudiants ou de professeurs qui puissent pénétrer l’institution.
Les étudiants étaient festifs : une équipe amenée sur place par l’AGÉCOV (Association Générale des Étudiants du Collège de Valleyfield) avait pour mission de passer de la musique toute la journée dans le stationnement à bord d’un camion et on entendait aussi de la musique à l’entrée principale du Collège où se trouvaient également plusieurs médias. Dans les sit-ins, les étudiants bavardaient, jouaient à des jeux et attendaient…
Partout, il semblait clair que rien n’allait les empêcher de bloquer l’accès aux portes, que ce soit celles du gymnase, de la bibliothèque, de la cafétéria ou les portes principales face à la rue Champlain… jusqu’à ce que le directeur général ne change d’avis sur la reprise des cours, qui va à l’encontre de la décision démocratique qui avait été prise par les étudiants en assemblée générale.
Quelques étudiants demeurant aux résidences du Collège ont dit trouver dommage ne pas pouvoir avoir accès à leurs chambres, mais être d’accord avec le geste entrepris par les étudiants pour dénoncer la décision contestable de la direction.
Alors qu’on parle d’essoufflement du mouvement, rien n’était moins sûr ce matin quand on regardait aux entrées du Collège et qu’on voyait que plusieurs autobus de diverses universités et cégeps avaient été déplacés sur les lieux pour venir en aide aux grévistes, ce qui n’avait d’ailleurs pas raison d’être puisque les quelques étudiants réticents à ce geste estudiantin sont vite rentrés chez eux ce matin, voyant que rien ne bougeait et que d’avoir accès à l’établissement était bel et bien impossible aujourd’hui.
La rue Champlain étant bloquée, les quelques automobilistes qui passaient devant les autres entrées de l’établissement n’ont pas hésité à encourager les étudiants par le traditionnel coup de klaxon.
Parmi les groupes venus encourager les étudiants, il y avait plusieurs enseignants, du Collège de Valleyfield, mais aussi provenant de d’autres maisons d’enseignement, la députée de Beauharnois-Salaberry Anne Minh-Thu Quach (ex-enseignante), des parents, des groupes syndicaux et des citoyens.
L’objectif des étudiants a été atteint aujourd’hui puisque la direction a reculé. Reste à savoir ce qui se passera vendredi et lundi.
Petite correction: c’est la direction du collège qui avait barré l’entrée des résidences, geste qui a été condamné par la foule.
Merci à la journaliste pour le ton honnête et à M. Perron de rappeler ce texte de Latulipe. Je suis enseignante au Cégep du Vieux Montréal, on s’est déplacé ce matin, trouvant inacceptable qu’au Québec, on ne respecte plus les droits de vote. Qu’on soit d’accord ou non avec la cause, avec leurs buts, peu importe : si on ne respecte plus les droits de vote, où s’en va-t-on? La cours décide maintenant pour nous. Si c’est illégal, même si c’est pas moral ou éthique, la police sévit. On ne peut rester indifférent. Ces étudiants de Valleyfield tiennent un vote des plus démocratiques tous les lundis, vote caché en plus. Je trouve vraiment déplorable qu’on méprise si facilement des étudiants qui tous les jours, me surprennent, m’encouragent à ne plus rester indifférente. Je suis de plus en plus attristée d’entendre des faussetés sur les jeunes. On peut être en désaccord, mais a-ton vraiment besoin de se mépriser?
En voyant la déferlante étudiante, comment ne pas penser à cette partie du texte d’Hugo Latulipe lue en introduction à son film « République: un abécédaire populaire ». « … Jouer dehors avec nos enfants-flèches, nos enfants-fleuves, connectés à ce qui permet de faire sens. Keep it moving. Nos petites écoles lumineuses cracheront des bataillons de petit monde pas un cadeau formés pour nous fendre, pour nous fracturer, formés pour nous contester l’ordre, pour nous dire que le Roi est nu. Ils seront comme une brèche, une bravade, un mouvement de chair comme au temps des caribous et avec eux nous réapprendrons à manger le soir autour de tables bondées d’amour. Le jour est venu d’inventer d’autres constellations… »