L’école à bout de bras

ecole a bout de bras Visuel Syndicat de Champlain via Coton 46Dominic Hébert est le vice-président de la section Salaberry du Syndicat de Champlain (CSQ). En lien avec la situation actuelle dans le domaine de l’éducation publique, il signe le billet : L’école à bout de bras  :

Le budget annoncé le 26 mars dernier était inquiétant pour les enseignantes et les enseignants du Québec. En effet, le gouvernement libéral annonçait des compressions budgétaires atteignant un milliard de dollars dans les programmes sociaux et gouvernementaux, services publics, etc. L’atteinte du déficit zéro qui était le prétexte pour imposer ces mesures d’austérité a fait en sorte que le financement du système d’éducation publique n’y a pas échappé. C’est avec des coupures de 149 millions de dollars que les commissions scolaires du Québec doivent maintenant jongler.

Avec les compressions budgétaires des dernières années, les commissions scolaires se retrouvent à ne plus savoir où couper. Comme ils ne peuvent plus couper dans le gras, c’est le squelette du système d’éducation, c’est-à-dire la structure même, qui écope.

Ainsi, bon nombre d’écoles ont vu une réduction des services offerts aux élèves. Selon L’observatoire des conséquences des mesures d’austérité 2014-2015, document présenté par l’Institut de recherche et d’informations socio-économique (IRIS), la Commission scolaire de la Vallée-des-Tisserands «a adopté un plan de redressement de trois ans afin de répondre au budget déficitaire adopté en août dernier. Ce plan inclut une réduction des dépenses de 789 214$ pour l’année en cours, dont plus de la moitié affectera les services aux élèves.»

Ce chiffre est désastreux puisque le financement ne comblait pas tous les besoins en matière de services et ce, bien avant ces nouvelles coupures. Ce sont donc les personnes les plus vulnérables du système d’éducation qui en subiront les conséquences.

Depuis la rentrée, l’épuisement des enseignantes et enseignants témoigne de leur réalité; faire constamment plus avec moins. Ils essaient tant bien que mal de continuer à donner le plus possible à leurs élèves tout en supportant la pression de l’alourdissement de la tâche. Voici un aperçu de ce que l’on demande aux enseignants :

  • Augmentation du temps de présence dans les établissements à 35 heures dont la totalité sera assignée par la direction aux mêmes conditions salariales;
  • Augmentation des ratios d’élèves dans les 2e et 3e cycles du primaire et dans le 1er cycle du secondaire;
  • Retrait de la moyenne du nombre d’élèves par groupe. Toutes les classes pourront donc être remplies au maximum. Etc.

Une baisse d’effectif a aussi été remarquée. Certaines commissions scolaires ont dû supprimer des postes de psychologues, bibliothécaires, orthophonistes et conseillers en orientation afin de respecter l’enveloppe budgétaire. En parallèle, le gouvernement cherche à augmenter le ratio dans les classes afin de réduire la masse salariale.

En effet, le personnel de l’éducation porte l’école à bout de bras.

Les coupures de postes, le faible pourcentage d’employés permanents en formation professionnelle et à l’éducation des adultes, l’alourdissement de la tâche et la détérioration des conditions de travail, sont tous des éléments qui renforcent la précarisation de la profession enseignante. Cette nouvelle réalité engendrera de sérieux problèmes de recrutement.

En temps de négociation de la convention collective, il est encourageant de voir que l’opinion publique est derrière nous et que la population constate les dégâts causés par ces compressions budgétaires. Nous avons pu être témoins de cette mobilisation lorsque parents, citoyens qui, dans le cadre du mouvement « Je protège mon école publique », ont pris l’initiative de faire des chaînes humaines autour de «leur» école. Pour eux, l’avenir des prochaines générations est en jeu et ils souhaitent non seulement dénoncer l’impact de ces mesures sur leurs enfants et sur le système d’éducation public, mais aussi démontrer leur solidarité aux enseignants en lutte pour leurs conditions de travail mais également pour les conditions d’apprentissage des élèves.

Dominic Hébert
Vice-président Syndicat de Champlain

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Une réponse à "L’école à bout de bras"

  1. Claude Perron dit :

    Le gouvernement finance les écoles privées à coup de dizaines de millions en puisant dans les fonds publics alors qu’il procède à des coupures dans les budgets des écoles publiques avec les conséquences dramatiques que l’on connaît. L’argument que « les contribuables ne peuvent payer davantage les professeurs est absolument fallacieux. Choquants et inadmissibles le discours et les politiques de ce gouvernement.

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