(Marie-Ève Rochefort) – Le taux d’occupation des civières dans les urgences de nos hôpitaux semble atteindre des sommets par endroits. En Montérégie, la situation est particulièrement catastrophique contrairement à Montréal, à titre d’exemple, où la grande majorité des centres de santé ne dépassent pas 200%, du moins, selon le relevé quotidien d’aujourd’hui (7 janvier).
Dans la région, trois centres hospitaliers retiennent l’attention : l’Hôpital Barrie-Memorial d’Ormstown avec 220%, l’Hôpital Anna-Laberge de Châteauguay avec 252% ainsi que l’Hôpital du Suroît qui affiche 323%! Il faut aussi préciser que 33 patients sont sur des civières depuis plus de 48 heures à Salaberry-de-Valleyfield !
Il est donc légitime de se questionner sur les causes de ces taux d’occupation des civières faramineux, mais aussi sur la façon dont les hôpitaux doivent gérer la situation. L’auteure de ces lignes a visité l’urgence de l’institution campivallensienne hier (6 janvier) tôt en soirée. Le constat est inquiétant : on retrouve des civières dans des corridors qui sont habituellement dégagés, la salle d’attente de l’urgence était pleine et il a même été question d’un code blanc à un certain moment, ce qui signifie qu’une personne a un comportement d’agressivité qui représente un risque pour sa sécurité et celle des autres.
En entrevue avec INFOSuroit.com, Geneviève Boileau, Chef du Service des communications et des relations avec la communauté au Centre de santé et de services sociaux (CSSS) du Suroît, explique qu’il y a plusieurs facteurs qui expliquent ces statistiques inquiétantes, dont les entrées en ambulances qui ont été particulièrement nombreuses et le manque de places en hébergement.
«Nous avons accueilli une vingtaine [d’ambulances] depuis minuit seulement et on en accueille en moyenne 25 à 30 par jour habituellement. Nous avons un manque de places en hébergement de soins de longue durée dans la communauté pour l’ensemble du territoire de la Montérégie-Ouest. Ces patients, en fin de soins actifs, occupent un lit d’hospitalisation en attente d’avoir une place d’hébergement. Environ 25 patients sont dans cette situation actuellement. Nous avons mis un plan d’action en place pour offrir un hébergement de soins de longue durée à ces personnes. Actuellement, le 2/3 du plan d’action est réalisé, il reste le tiers et nous y travaillons activement, avec les partenaires concernés pour atténuer la pression sur les services et aussi sur les équipes, qui font un travail exceptionnel dans la situation », a-t-elle fait savoir.
N’oublions pas qu’il est laborieux d’obtenir une place dans une clinique sans rendez-vous, sans parler du manque de médecins de famille, ce qui n’aide pas à la cause. Ajoutons à cela le fort nombre de personnes âgées, dont certains doivent consulter à la suite d’une chute en raison du froid glacial et les gens qui occupent l’urgence pour des symptômes d’allure grippale ou de gastro. Madame Boileau leur conseille d’ailleurs de rester à la maison pour ne pas propager le virus. En cas de doute ou de complication, ils peuvent toujours se référer à l’Aide à la décision.
Travailler dans un hôpital dont l’urgence déborde à ce point a évidemment des répercussions sur les employés. Une infirmière à l’Hôpital du Suroît avec qui INFOSuroit.com s’est entretenu semble être épuisée.
« Tout le monde est brûlé, car on fait plusieurs 16 h en peu de temps. Il manque en moyenne 2 à 3 [infirmières] par quart, donc on en a plus à notre charge, ce qui n’aide en rien […] 12 heures d’attente dans la salle », a-t-elle fait savoir.
Le mot d’ordre est donc d’éviter les urgences à moins de grande nécessité. Rappelez-vous que vous pouvez toujours bénéficier du service INFO-Santé en composant le 8-1-1 et que votre pharmacien peut vous offrir de précieux conseils.
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