(Guy Leclair) – Depuis la Conquête, les forces dominantes jouent contre la survie du fait français au Québec. Néanmoins, contre vents et marées, le peuple québécois est parvenu à conserver sa culture distincte, laquelle est forgée principalement par l’usage de la langue française. Ni le colonialisme britannique, ni le rouleau compresseur américain, ni même l’attitude impérialiste des élites financières canadiennes-anglaises ne sont parvenus à venir à bout des héritiers de Champlain!
Malgré tout, le statut du français est toujours précaire au Québec et si nous ne nous montrons pas plus vigilants, nos exploits pourraient bien s’envoler en fumée. Il faudrait rappeler cette réalité à notre gouvernement, le plus fédéraliste à avoir gouverné le Québec depuis des décennies. En effet, celui-ci se démarque par sa plus totale inaction face aux nombreuses dérives qui grugent la place du français au Québec.
Il y a d’abord ces compagnies qui, grâce à l’incurie du gouvernement qui laisse faire, engagent des patrons anglophones, privant ainsi les employés de leur droit le plus élémentaire de pouvoir travailler en français au Québec. C’est le retour à l’époque des porteurs d’eau! Ces mêmes entreprises se voient aussi régulièrement remettre par l’Office québécois de la langue française des dérogations leur permettant de ne pas se plier aux exigences de la Loi 101. À Montréal, l’affichage se fait de plus en plus en anglais, en particulier dans la circonscription de Christine St-Pierre… la ministre responsable de l’application de la Loi 101! Enfin, on apprenait récemment qu’une dame âgée a dû engager un traducteur pour pouvoir recevoir des soins en français dans un hôpital montréalais.
Cette triste liste qui pourrait malheureusement s’allonger témoigne d’un relâchement inacceptable de la part du gouvernement Charest, lequel semble vouloir ménager le seul groupe qui lui accorde encore sa confiance : la communauté anglophone. Et si, dans la foulée, le français dépérit et vit ses heures les plus sombres depuis l’adoption de la Charte de la langue française? So what?! nous disent les libéraux. Leur message est clair, la lutte pour la défense du français est loin de faire partie de leur priorité.
Si nous ne mettons pas un frein à ces dérives, ce n’est pas une anglicisation subite qui nous attend…c’est bien pire. Un Québec qui renoncerait à protéger sa langue adéquatement dériverait interminablement vers une société où ses habitants parleraient un pauvre dialecte jumelant un mauvais français à un mauvais anglais. Bien peu de choses sont plus pathétiques qu’un peuple qui se meurt lentement. Le Québec n’aurait plus aucune fierté à faire rayonner, aucun héritage unique à défendre, aucune particularité à mettre à l’avant-plan.
Montréal n’aurait rien de plus à offrir qu’une autre ville nord-américaine de même taille. Plutôt qu’une métropole à la culture unique sur notre continent, nous devrions nous contenter d’une autre Cleveland, Détroit ou Saint-Louis sur le Saint-Laurent.
Rien de tout cela ne m’enchante et la seule façon d’éviter ce triste destin, c’est de cesser d’avoir honte de ce que nous sommes. De cesser de croire qu’il faille absolument se renier pour pouvoir s’ouvrir à l’Autre. De commencer, une fois pour toutes, à nous faire confiance et à réaliser ce que nous valons vraiment.
Guy Leclair, député de Beauharnois
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Vous pouvez lire ou relire les billets précédents de Guy Leclair :
- Une nouvelle culture politique (14 mars 2012)
- Le vrai changement (22 février 2012)
- La coalition pour l’avenir de François Legault (17 novembre 2011)
- Le Canada qu’on nous impose (26 octobre 2011)
- Le temps du mépris (12 septembre 2011)
- Un Québec vert, dans un Canada brun* (12 août 2011)
- Premier billet de Guy Leclair député de Beauharnois (20 juin 2011)