(Marie-Ève Rochefort) – Fortes sont les chances que nous ayons tous, à un moment ou à un autre de notre vie, à endosser le rôle de proche aidant.
En effet, personne n’est à l’abri de la maladie ou d’un accident causant une perte d’autonomie et nécessitant l’assistance d’un aidant pour effectuer ses tâches quotidiennes.
C’est tout à fait louable de venir en aide à quelqu’un dans le besoin, mais il existe un danger réel d’épuisement à long terme. La bonne nouvelle, c’est que le Centre d’action bénévole de Valleyfield propose un programme qui s’adresse spécifiquement aux proches aidants afin de leur donner les outils pour aider adéquatement, et ce, sans s’épuiser.
Quand l’épuisement nous guette
Selon l’Avis sur l’état de situation des proches aidants des personnes âgées en perte d’autonomie du Conseil des aînés, le Québec comptait 1 034 230 proches aidants en 2001, soit près de 18 % de la population âgée de 15 ans et plus. Considérant que les personnes aidées sont généralement des gens de 55 ans et plus et que l’on constate un vieillissement de la population, on peut s’attendre à ce que cette statistique augmente drastiquement au fil des années !
« On cherche à conscientiser les proches aidants sur le fait qu’on ne peut pas aider quelqu’un sans s’aider soi-même. Il faut amener l’aidant à s’occuper de lui et à mettre sa santé physique et psychologique en premier plan », commente Serge Legault, intervenant auprès des proches aidants au Centre d’action bénévole de Valleyfield. « Il y a une pression sur les proches aidants. On leur donne des tâches sans savoir s’ils sont capables ou s’ils le veulent. Ils assurent un maintien à domicile sans avoir de rémunération », poursuit Karine Archambault, également intervenante.
Lorsqu’une personne aide un proche malade ou en perte d’autonomie, le principal danger auquel elle s’expose est l’épuisement. En effet, la culpabilité de laisser l’autre seul et l’impuissance devant la situation peuvent mener un proche aidant à se surmener et à négliger sa propre santé. Pour éviter qu’une telle situation ne se présente, le Centre d’action bénévole propose le programme Aider sans s’oublier.
Ce dernier regroupe plusieurs services tels que des activités sociales, des déjeuners-causeries, des rencontres d’entraide et des ateliers, pour ne nommer que ceux-là.
« Les rencontres d’entraide sont comme des groupes thérapeutiques. On reçoit en moyenne 13 personnes qui échangent pendant deux heures sur ce qu’ils vivent en ayant du support. Du côté des ateliers, on propose un parcours de 7 rencontres de 3 heures », fait savoir monsieur Legault.
Les ateliers Aider sans s’oublier proposent 7 thématiques :
- Prévenir l’épuisement
- La motivation et la culpabilité
- Les besoins, les limites et les droits
- Les choix et les changements
- La négociation et l’hébergement
- Les ressources et le bilan
- La communication
Agir en prévention
« Le chemin typique vers l’épuisement ressemble à ceci : on accompagne l’autre dans ses rendez-vous et ses tâches quotidiennes. On accumule les responsabilités et on finit par se fatiguer. On se dit qu’on est capable et qu’on n’a pas besoin d’aide parce que c’est l’aidé qui nécessite de l’attention. Pourtant, la majorité des proches aidants vont avoir besoin d’aide un moment donné, d’où l’importance d’aller chercher de l’information pour savoir à quoi s’attendre », mentionne Karine Archambault. « On veut agir de façon précoce par exemple quand la personne vient tout juste d’avoir un diagnostic de cancer et non plusieurs années après lorsque l’aidant sera épuisé », ajoute monsieur Legault.
En savoir plus
Si vous croyez que vous êtes un proche aidant ou si vous connaissez quelqu’un qui soutient une personne malade ou en perte d’autonomie dans ses tâches quotidienne, composez le 450 373-2111 ou visitez le site Internet du Centre d’action bénévole de Valleyfield. Prenez note que tous les services sont gratuits, à l’exception des déjeuners-causeries qui nécessitent une petite contribution monétaire.
Quelques statistiques
Environ 80 % des soins à domicile sont prodigués par des proches aidants. On estime que ces gens travaillent plus de 7,7 millions d’heures par semaine. Leur contribution monétaire pour l’exécution de ces tâches pourrait être estimée à près de 5 milliards de dollars par année.
Selon le Schéma des services offerts aux aidants de personnes âgées de la Montérégie, on dénombrait environ 4 070 aidants de 45 ans et plus en 2002 sur le territoire du CSSS du Suroît. Seulement 12 % d’entre eux ont été rejoints pour recevoir des services. Par ailleurs, environ 140 proches aidants bénéficient aujourd’hui du programme du Centre d’action bénévole de Valleyfield.
4 proches aidants sur 10 s’épuisent devant la charge de travail.
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