(Marie-Ève Rochefort) – C’était un grand jour le jeudi 19 mai dernier alors que l’on procédait au vernissage de l’exposition Archéologie du présent, la matière symbolique de l’artiste Claude H. Vallée dans deux lieux différents : le Musée de Société des Deux-Rives (MUSO) et le Musée québécois d’archéologie de la Pointe-du-Buisson.
Outre le fait que cette exposition est une large rétrospective des œuvres sculpturales de l’artiste, lequel est passé maître dans l’art de la récupération d’objets pour en faire des œuvres depuis 50 ans, elle représente également une première pour les deux institutions muséales de la région. En effet, les deux musées ont travaillé conjointement afin de présenter une seule et même exposition, permettant ainsi de découvrir une cinquantaine d’œuvres tantôt sous un regard sociologique, tantôt selon une vision anthropologique.
Récupérer pour le plaisir de transformer
C’est dans les murs du MUSO qu’a commencé la grande visite de l’exposition Archéologie du présent, la matière symbolique. De nombreuses personnes s’étaient réunies pour s’émerveiller devant le travail de Claude H. Vallée, mais surtout pour le plaisir de toucher aux œuvres de l’artiste, une pratique peu courante dans les musées, mais qui revêt une importance particulière pour l’artiste.
Constituées de pièces d’ordinateur, de crayons, de pneus, de billes de billard, de plumes et de vieux outils, pour ne nommer que ceux-là, les œuvres de monsieur Vallée permettent aux visiteurs de voyager dans les époques et de s’imaginer tout un univers puisque ces objets sont empreints d’histoire.
« J’ai été élevé dans une famille qui ramassait et récupérait beaucoup. Je suis un ramasseux et j’aime les objets puisqu’ils transmettent une histoire que j’ai souvent vécue et ils parlent d’une époque. Certaines œuvres ont des revendications et une symbolique particulières, d’autres ont été faites surtout pour le plaisir et ne sont pas toujours sérieuses. Je me plais à donner un sens à la matière que je réorganise », a-t-il commenté en entrevue avec INFOSuroit.com.
Deux musées, deux univers
Bien que le MUSO et le Musée québécois d’archéologie de la Pointe-du-Buisson présentent tous deux des oeuvres de Claude H. Vallée, il n’en reste pas moins que deux univers fortement différents attendront les visiteurs.
« Pour nous c’est un virage parce que ce type d’exposition conjointe n’a jamais été fait auparavant. À Pointe-du-Buisson, on présente des œuvres à teneur organique et naturelle, qui ont une symbolique originelle et une culture amérindienne. Au MUSO, on trouve plutôt une critique de la consommation et une immersion dans le patrimoine industriel. On pourrait dire que les œuvres ne parlent pas le même langage dans les deux endroits : l’un parle à l’âme, l’autre propose une critique. On pourrait dire que l’un est sociologique, l’autre anthropologique », a confié Caroline Nantel, directrice générale du Musée québécois d’archéologie de la Pointe-du-Buisson.
C’est Claude H. Vallée qui a approché les institutions muséales pour présenter une exposition dans deux endroits en simultané afin de créer une synergie entre les deux lieux dont les missions sont complémentaires.
Un documentaire signé André Desrochers
La visite de l’exposition au Musée québécois d’archéologie de la Pointe-du-Buisson se termine avec la présentation du documentaire Le Recyclart, un film portant sur la démarche artistique de Claude H. Vallée réalisée par André Desrochers grâce à une contribution financière de la MRC de Beauharnois-Salaberry.
D’une durée d’une vingtaine de minutes, le documentaire nous permet de découvrir comment l’artiste donne une deuxième vie aux objets qu’il trouve un peu partout. Il peut d’ailleurs accumuler des objets pendant plusieurs années avant d’en faire une œuvre d’art !
Une exposition à ne pas manquer
L’exposition Archéologie du présent, la matière symbolique permet au visiteur de retomber en enfance grâce au fait qu’il est possible de toucher les oeuvres. Certaines semblent même avoir été créées pour permettre aux curieux de s’amuser, tout simplement. L’auteure de ces lignes a été fortement impressionnée par les mille et une façons que trouve l’artiste pour transformer les objets de notre quotidien. C’est d’ailleurs une merveilleuse avenue pour redécouvrir notre univers, mais également une critique de notre société de surconsommation. Petits et grands apprécieront sans aucun doute.
Rappelons que Claude H. Vallée est le concepteur et fondateur du Prix Don Quichotte ainsi que le fondateur de l’entreprise d’économie sociale la Recyclerie Beauharnois-Salaberry, laquelle a fermé ses portes récemment.
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Une exposition qui vaut vraiment la peine de s’y attarder. Un après-midi à consacrer comme visite touristique à ces deux musées.