(Dominic Gauthier) – La tempête tropicale Irène qui s’est abattue sur le Québec le 28 août dernier aura laissé de tristes séquelles sur le territoire de Châteauguay. Plusieurs arbres n’ont pu tenir tête aux rafales de vent qui ont balayé la région. Parmi les victimes, on compte le plus gros Chêne bicolore du Québec qui se trouvait sur l’île Saint‐Bernard à Châteauguay.
Ce géant de plus de 30 mètres de hauteur et d’une circonférence de 3,75 mètres est né en 1796.À 215 ans, il avait déjà dépassé son espérance de vie depuis plusieurs années. Le Chêne bicolore est un arbre rare ayant le statut d’espèce susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable. Le titan végétal était situé dans l’un des deux écosystèmes forestiers exceptionnels qu’abrite l’île Saint‐Bernard, soit dans une petite chênaie à Chênes bicolores.
Malgré son âge vénérable, ce n’est qu’en 2003, lors d’un inventaire floristique, que ce spectaculaire spécimen a été découvert par André Sabourin, consultant en botaniste, Michel Préville, rédacteur en chef du magazine QuébecOiseaux et Dominic Gendron, coordonnateur à la protection et à l’aménagement du territoire chez Héritage Saint‐Bernard.
L’équipe d’Héritage Saint‐Bernard est bien attristée de ce départ précipité d’un des icônes de l’île. Cet arbre était grandement apprécié des randonneurs dont plusieurs se plaisaient à admirer sa prestance, son énergie et sa sagesse. Ce colosse bicentenaire régnait sur la forêt en surplombant plusieurs autres arbres pourtant matures, comme si avec ses branches, il les protégeait tous. Malheureusement, lors de sa chute, il a emporté avec lui plusieurs de ses acolytes.
Maintenant que ce géant a disparu, la vie reprendra là où il a laissé la sienne. Ses vestiges se transformeront peu à peu en un nouvel écosystème. Des myriades d’insectes, de champignons, de petits mammifères et d’oiseaux profiteront de cette nouvelle niche pour se nourrir, se protéger et se reproduire. Le vieux Chêne bicolore de l’île Saint‐Bernard lègue donc un précieux héritage. D’ailleurs, comme l’a affirmé le chimiste Antoine Lavoisier en 1777, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme…
Salut vieille branche!