(Marie-Ève Rochefort) – La catastrophe écologique qu’a été la contamination des lagunes de Mercier fait encore jaser cette fois en raison d’un projet d’exploitation d’une carrière de pierres dans la petite ville de la MRC de Roussillon. Un projet qui inquiète fortement Héritage Saint-Bernard ainsi que la mairesse de Mercier Lise Michaud. C’est que la compagnie Agrégats Lefebvre inc. évalue la possibilité d’exploiter une carrière de pierres pendant 10 ans sur la Montée Saint-Isidore, laquelle est située tout près du site contaminé des lagunes de Mercier. Comme le projet nécessiterait de pomper l’eau de la nappe phréatique pour dynamiter le roc, l’organisme et l’élue municipale s’inquiètent des répercussions écologiques que pourrait causer un tel projet.
De son côté, Héritage Saint-Bernard propose une étude d’impact approfondie avant de donner quelconque autorisation puisque la possibilité de déplacer la contamination de la nappe phréatique n’est pas écartée.
« La pire catastrophe environnementale du Québec, qui n’est d’ailleurs pas réglée après plus de 40 d’existence, se trouve à près de deux kilomètres et demi du site en question. La région subit encore les lourdes conséquences de ce désastre. Aucun risque ne doit être pris, il ne faut pas aggraver la situation », explique Luc L’Écuyer, directeur général de l’organisme.
Il ajoute que les conséquences, en plus d’être néfastes pour l’environnement, pourraient aussi l’être pour les producteurs maraîchers du secteur. Comme certains agriculteurs manquent déjà d’eau lors d’une canicule ou de longue période sans précipitations, l’exploitation de cette carrière de pierres pourrait devenir un réel défi pour eux qui peinent à arroser leurs terres l’été. Enfin, Héritage Saint-Bernard rappelle aussi que des séances de dynamitage risquent d’avoir un impact sur la qualité de vie des résidents de la région.
« Dans ce dossier, le principe de précaution doit être appliqué, renchérit M. L’Écuyer. La Ville de Mercier adopte des mesures de protection et agit avec prudence avant que des preuves scientifiques démontrent l’existence ou non d’un risque s’il y a exploitation de cette carrière. Nous ne pouvons que soutenir les gestes de la mairesse, Mme Lise Michaud ».
Pour sa part, la mairesse de la Ville de Mercier, Lise Michaud, demande carrément un statut particulier permettant à sa région de refuser l’implantation d’une carrière sur le territoire.
« Il faut absolument éviter l’implantation de quelque carrière que ce soit ici. Nous avons reçu un lourd héritage environnemental dans le passé avec les lagunes de Mercier. Nous avons déjà vécu la pire catastrophe écologique de l’histoire du Québec, du Canada et même de l’Amérique du Nord! Ceux et celles qui veulent former le prochain gouvernement doivent se commettre pour éviter d’aggraver la situation et aussi, pour protéger nos réserves souterraines d’eau non contaminée », déclare-t-elle.
Rappelons que le 18 mars dernier, un jugement de la Cour supérieure du Québec a tranché en faveur de la compagnie Agrégats Lefebvre inc. et oblige la Ville de Mercier à émettre les autorisations nécessaires à l’implantation d’une carrière sur le territoire zoné agricole, et ce, pour les dix prochaines années. Madame Michaud affirme toutefois qu’une requête sera déposée pour que le jugement soit porté en appel.
« La population de Mercier a assez payé pour des désastres écologiques! Depuis 45 ans, nous vivons avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Nous demandons depuis de nombreuses années un centre de recherche dans la région afin de nous assurer qu’un tel désastre ne se reproduise pas. Et voilà maintenant qu’une corporation privée veut implanter une carrière et dynamiter des terres situées tout près des lagunes! Ça n’a pas de sens qu’en tant qu’élus et citoyens de Mercier, nous ne puissions pas, à cause de ce jugement, bloquer ce projet! Le Conseil municipal veut agir, car nous sommes convaincus que nous avons le devoir de permettre aux citoyens de Mercier de vivre en paix », conclut-elle.
Rappelons qu’aux élections provinciales de 2012, les élus des municipalités de Châteauguay, Mercier et Sainte-Martine s’étaient rassemblés pour envoyer un message très semblable aux candidats de l’époque. Pour en savoir plus, je vous invite à lire ou à relire l’article Catastrophe écologique – Dossier des lagunes de Mercier, 40 ans de négligence de l’État.
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